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croisade contre les albigeois.

des barricades maçonnées dont les passages et les ouvertures sont disposés de biais [1]. Là s’assemblent en force les meilleurs chevaliers.

[4615] Dans le donjon si grande est la préoccupation que Lambert de Limoux monte à l’un des étages avec toute sa compagnie, et prend conseil avec eux : « Seigneurs, » dit Lambert, « nous sommes tous compagnons, et dans le bien comme dans le mal nous prendrons tous notre part. [4620] Dieu nous a plongés en une telle misère, que nous souffrons pire peine qu’âme d’usurier[2]. Nuit et jour les pierriers et les arbalétriers nous combattent de toutes parts. Arches et greniers sont vides à ce point [462S5] que nous n’avons pas un setier de blé, et nos chevaux sont tellement affamés qu’ils dévorent le bois et l’écorce. Le comte de Montfort ne peut nous porter secours, le jeune comte refuse de nous admettre à capituler, [4630] et nous ne savons route, voie ni sentier pour sortir de ce mortel péril, de cette profonde affliction, de ce terrible embarras[3]. Je demande conseil d’abord à Dieu, puis à vous. » Guillaume de La Motte répondit le premier : [4635]

    c.-à-d. à l’angle formé par la rencontre de la rue Basse et de la rue de Régis (Eyssette, Hist. de Beaucaire, II, 188, 201-2). — Le nom de portail de la Vigne ne paraît se trouver dans aucun autre document, mais il ne faut pas oublier qu’après la Chanson de la croisade, les plus anciens documents que nous possédions sur la topographie de Beaucaire ne sont que du xive siècle.

  1. Sens douteux. Il se peut qu’un vers ait été omis après 4613.
  2. On sait que Dante place les usuriers près du fond de son enfer, au bas du septième cercle.
  3. On pourrait, en coupant la phrase après le v. 4631, traduire : « Et de cette profonde affliction ..... je demande ..... »