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croisade contre les albigeois.

tons par la porte, descendons l’escalier, et commençons la lutte et le carnage, de telle sorte que le pavé et la place en soient teints de sang. [4660] Mieux vaut mourir ensemble par le fer que mener une vie honnie et être faits prisonniers ! — Voilà le conseil que nous suivrons, » dit maître Ferrier[1], « car mieux vaut mort glorieuse que vivre en captivité ; et pensons à nous défendre !

CLXVII.

[4665] « Pensons à nous défendre, qu’aucun ne montre de faiblesse, car tout le jour nous combattent nos mortels ennemis ! nous avons perdu nos forces quand les vivres nous ont manqué ; et nous n’avons seigneur, ni parent ni ami qui jamais nous puisse aider dans notre détresse. [4670] Mieux vaut donc la mort que d’être crucifiés tout vifs[2] ? » Là dessus, voici qu’entre dans la salle un mendiant, qui s’écrie : « Seigneurs, armez-vous ! je vous dis en vérité que je vois la chatte si près d’ici, que je crois qu’elle s’attaque au mur. » Le conseil se sépare et le tumulte commence ; [4675] chacun de son côté se rend à son poste. Là dessus, voici la chatte, pensant faire sortir un pic : mais l’habile ingénieur, au cœur sûr et antique[3], prit du goudron enflammé, en remplit un pot et le lança sur la chatte : [4680] le brandon

  1. Cf. p. 222 n. 1.
  2. Le vers (4670) que je traduis ainsi est d’une construction qui laisse à désirer ; aussi ne serait-il pas impossible qu’il y eût une lacune entre les deux hémistiches dont il est composé. Ou p.-ê. corr. que en qu’om ?
  3. « Antique » n’a guère de sens ici ; il y aurait p.-ê. lieu de corriger et ab rig, cf. 4717.