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croisade contre les albigeois.

s’enflamme, le feu se répand en maintes manières, et s’éteint à grand’peine. Sur la belle place où la chatte se trouvait, des deux parts, les troupes se présentèrent en armes, et trompes et clairons commencent telles sonneries [4685] que la rive et le château en retentissent. Le premier entre tous Philippot[1] se porta en avant, la tête baissée sous le heaume et brandissant l’épieu : ceux avec qui il se mesure, il les abat honteusement et les tue. Guillem de Bel-afar sortit au devant de lui, [4690] et lui donna un tel coup qu’il lui brisa l’écu, lui perça le haubert, et le porta à terre si violemment que le cœur lui creva. Frappé de toutes parts, il ne se releva plus : il perdit la vie, et son cheval y fut tué. [4695] Voici que viennent le comte, Gui, Amauri, Alain, Foucaut, Hugues et Aimeri[2] ; et des tentes sortit si grande foule que la rive et la plaine en sont couvertes. Lorsqu’ils s’avancent ensemble, la terre tremble sous leurs pas. [4700] Les habitants de la ville sortent à l’envi. Le vaillant jeune comte se précipite par la rue. Dragonet le rencontre, et lui saisissant la rêne, il s’écrie à haute voix : « Le courage qui vous anime est bien fait pour garder Parage et Merci, alliés ensemble ! » [4705] Alors, le portail ayant été ouvert, ils sortent ensemble, avec les chevaliers bannis, chacun se poussant en avant. « Seigneurs, » dit P. R. de Rabastens, « je vous dis

  1. P.-ê. le « Philippus de Goloen, » ou « Guoloen, » qui est témoin à plusieurs chartes concernant Simon de Montfort (Molinier, Catal. 93, 95), et qui est sans doute le même que « Philippus Goulavanni, » châtelain de Carcassonne, témoin en mars 1212 (Molinier, Catal. n° 49). Les chartes où j’ai rencontré ce personnage sont antérieures au siége de Beaucaire.
  2. Aimeri de Blèves, qui paraît au v. 8030 ?