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croisade contre les albigeois.

l’Hôpital[1] ils placèrent leur embuscade, entre le mur et la porte, à la méridienne, quand le soleil chasse l’ombre[2]. [4845] Les hommes de la ville ne sont pas sur leurs gardes. À ce moment les Français chargent, tous en ligne, et les trompes, les clairons, les cors font trembler la rive, la ville et le rempart[3]. En tête de tous, venaient éperonnant [4850] le comte, Amauri, Alain, Foucaut, suivis des compagnies qui occupent les jardins. Ils chevauchent vers le portail de la Croix[4] et par les lices ; ceux de l’échafaud[5] s’écrient : « Sainte Marie, aide-nous, [4855] et défends ton peuple de douleur et de mal ! » Les Français entrent par le courtil[6]. Les Provençaux courent aux armes. Tous s’apprêtent sur la place du Marché[7], tremblant et soupirant, et tellement effrayés [4860] que beaucoup d’entre eux s’enfuirent jusqu’au fleuve. Mais les meilleurs, les plus vaillants,

  1. L’hôpital Saint-Lazare se trouvait alors en dehors de la ville, près de la porte de la Vigne ; voy. Eyssette, Hist. de Beaucaire, II, 247-8.
  2. Quand les rayons du soleil tombent perpendiculairement, de façon à réduire l’ombre.
  3. Costal, voir ci-dessous, n. 6.
  4. Le portail de la Croix, dont le nom est resté à l’un des quartiers de Beaucaire, était situé au N.-O. de la ville, à l’extrémité occidentale de la rue Haute, dans l’axe de la route de Nîmes (Eyssette, Hist. de Beaucaire, II, 203-4).
  5. Les défenseurs, montés sur les échafauds dont on avait muni les murs.
  6. Cortal signifie sûrement « enclos » (voir Lex. rom. II, 498, et Du Cange, cortale) ; il est possible qu’il s’agisse d’un enclos situé en dehors du mur, mais ce peut être aussi le même que costal, qui paraît, sauf au v. 2981, désigner une partie de la fortification.
  7. La place du marché, ou Place Vieille, est située à l’extrémité orientale de la rue Haute, par conséquent entre le portail de la Croix, où avait lieu l’attaque, et le fleuve.