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croisade contre les albigeois.

murs, les meurtrières, les créneaux, les fronts de la ville sont garnis d’hommes et d’armes. [4885] Cependant les braves compagnies et les archers se tiennent aux fenêtres avec des arbalètes à tour. Quand ceux du dedans et ceux du dehors se trouvèrent face à face, la mêlée de la guerre mortelle recommença, avec lances, épées, écus de chêne, [4890] et les dards, les masses, les couteaux, les cognées, les guisarmes, les pics, les tisons, les bâtons, les haches fourbies, les moellons, les pieux aigus, les perches, les pierres à main, les faussarts, les flèches, les traits d’arc à main, [4895] l’eau et la chaux bouillante qu’on jette du mur dans le fossé, viennent de tant de parts, de côté et de face, qu’on voit se briser heaumes, camails, nasaux[1], hauberts, mailles, garnitures, cristaux [des heaumes], écus, selles, freins, poitraux[2], [4900] clavains, boucles d’écus[3], orfrois[4], têtes, mâchoires, bras, crânes. Il se fait à l’entrée de la porte un si extraordinaire carnage[5] que de sang et de cervelles sont rougies les enseignes. [4905] Ils se combattent et se frappent avec telle ardeur que de blessures et de mal chacun d’eux disait avoir sa large part. Quand les Français virent qu’ils n’avaient rien de plus à gagner, ils revinrent à leurs tentes, et ceux de la ville à leurs demeures. Des deux côtés les médecins et les maréchaux [4910] demandent des œufs, de l’eau, de

  1. Le nasal était la partie du heaume qui recouvrait le nez.
  2. Cf. p. 212, n. 5.
  3. La proéminence du centre de l’écu, voy. bocla au vocabulaire.
  4. Traduit d’après la correction proposée à la note du v. 4900.
  5. Le v. 4902, assemblage incohérent de mots, n’est pas traduisible.