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croisade contre les albigeois.

comte, vous irez emportant le miel et la cire[1]. — [5265] Seigneurs, écoutez-moi, » dit maître Robert : « Le comte de Montfort ne vous tient pas pour condamnés ; il ne veut pas que vous ni la ville éprouviez aucun dommage, à part un seul d’entre vous qui est puissant et estimé, et qui est plus que personne autre compromis envers lui. — [5270] Seigneurs, » dit Aimiric[2], « je suis celui qu’on menace : j’aime mieux quitter la ville qu’y rester, et me voici prêt. Moi, et certains des plus notables de la ville et des mieux nés, nous partirons, sire abbé, si vous nous donnez un sauf-conduit. — Ne faites pas cela, » dit maître Robert ; [5275] puis il lui dit à l’oreille : « Vous ferez sagement, car entre le comte et vous il n’y aura pas amitié sincère. » C’est ainsi que l’entretien fut tenu et conclu, et après ils se rendirent tout droit à Villeneuve où se trouvait le conseil choisi. [5280] Mais tel s’y rendit libre qui en reviendra enchaîné, si Dieu ne leur vient en aide.

  1. Locution dont je ne connais pas d’autre ex., et qui par conséquent m’est obscure ; Fauriel : « Tout sera pour vous cire et miel si vous honorez le comte. » Le sens est probablement : « Vous ne perdrez rien de la récolte, ni le miel ni la cire. »
  2. Sans doute le même qu’on voit figurer parmi les partisans du comte de Toulouse, v. 5770, 8979, 9182. Il est à croire qu’il avait joué un rôle important dans l’administration de la ville. De 1190 à 1225 les listes des capitouls qui nous sont parvenues (il manque celles de 1191, 1195, 1206, 1208 à 1211, 1213, 1215 à 1218, 1224), ne portent que deux Aimerics : en 1219 Aimeric Anguier (?), et en 1221 Aimeric de Saint-Romain ; voy. Du Mège, Hist. des instit. de Toulouse, I, 346 et 348. En outre, un « Aimericus de Castro-novo » est mentionné au nombre des consuls ou capitouls de Toulouse en des actes de 1203 (Catel, Hist. des Comtes de Tolose, p. 236), 1214 (Vaissète, III, pr. 241), et reparaît encore en 1221 et 1222 avec la qualité de « probus homo » (ibid., 271-4).