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croisade contre les albigeois.

que je vous donne bon conseil, le meilleur que j’aie jamais donné. Et si le comte vous faisait rien dont la plainte vint jusqu’à moi, [5340] vous en auriez Dieu et moi pour défenseurs. » Telles furent les paroles échangées entre eux ; mais, tant de gré que de force, les voilà dans le nœud coulant, car aussitôt l’évêque et Gui se rendent avec eux droit au comte.

CLXXVI.

[5345] Quand ils furent auprès du comte, l’affliction et l’émoi recommencent. « Sire comte, » dit l’évêque, « vous prendrez ces otages, et des citoyens de la ville autant qu’il vous plaira : nous saurons bien vous dire qui choisir. Et si vous m’en voulez croire, vous y enverrez dès maintenant. [5350] — Barons, » dit le comte[1], « vous allez me rendre tous ceux des miens que vous avez prisonniers. » Et ils répondirent : « Vous allez les ravoir. » Et on les lui amena, sans qu’il leur manquât seulement une courroie[2]. Ensuite le comte envoie des messagers, tenant de petits bâtons, qui parcourent rapidement toutes les rues, [5355] disant aux prudhommes : « Désormais, il n’y a pas à se cacher : Monseigneur le comte vous mande d’aller joindre les otages au château Narbonnais, et de vous y rendre présentement, sans prendre congé de vos amis. Et si vous n’y allez immédiatement, vous y gagnerez [5360] de ne plus pouvoir séjourner en

  1. S’adressant aux otages.
  2. Loc. popul. pour dire qu’aucun objet, même de la plus mince valeur, ne leur avait été pris.