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croisade contre les albigeois.

vaises finesses, si le comte vous en croyait, vous lui feriez perdre sa terre. — Lucas, » dit le comte, « vous me conseillerez, vous et monseigneur l’évêque ; vous jugerez selon le droit, [5405] vous qui ne voulez que mon bien et êtes incapables de mentir. » Ils se tirèrent à l’écart et parlèrent entre eux seuls. « Sire comte, » dit Lucas, « écoutez-moi : si vous abaissez Toulouse, vous vous honorerez, et si vous l’honorez, vous nous abaisserez, et vous en même temps. [5410] Le proverbe le dit et la loi le confirme : « À qui tu fis mal ne te fie ; » donc, gardez-vous d’eux. Vous avez tué les pères, les fils, les parents : jamais vous n’ôterez de leurs cœurs le ressentiment. Et puisqu’ils ne vous aiment point, ce n’est pas droit que vous les aimiez. [5415] Ils ont pour l’autre comte tant d’affection secrète que vous ne serez pas longtemps en possession de la ville, si vous ne prenez le parti de l’abaisser toujours. — Sire comte, » dit l’évêque, « voici comme vous commencerez ; je vais vous montrer la façon d’en venir à bout : [5420] je les ai reçus à merci afin que vous les preniez à l’improviste, et, si on vous conseillait un parti meilleur, afin que vous puissiez les mettre hors de ma garantie, hors de l’Église, hors de merci. Vous démolirez toutes les clôtures et les palissades[1] ; vous leur prendrez armures et armes, [5425] punis-

    comte de Foix, et qui le 9 sept. 1216 reçut de ce dernier un sauf-conduit, dont P. de Marca (Hist. de Béarn, p. 746) nous a conservé la traduction (Molinier, Catal. n° 132).

  1. « Et leurs échafauds, » Fauriel ; plancatz, voy. Du Cange, plancatum, signifie ordinairement « plancher, » sens qui convient peu ici.