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croisade contre les albigeois.

rèrent à la pluie et au vent, [5480] tristes, sans pouvoir se dévêtir. À l’aube, le jour étant en pleine lumière, le comte et l’évêque leur mandent de se rendre à la réunion, à Saint-Pierre de Cuisines[1], tous sans exception. Et quand ils furent réunis, [5485] un des meilleurs légistes[2] prit la parole de façon à être entendu de tous : « Seigneurs, le comte, mon seigneur, vous ordonne de renoncer au pardon et à toute la convention que vous a proposée l’évêque dans le principe ; vous n’avez plus à invoquer la garantie de l’Église ni du clergé, [5490] et devez vous mettre entièrement à sa discrétion, sans avoir à craindre dure prison ni mort. [Donc], ou bien faites-lui droit, et il prononcera le jugement en sa cour même, tel que bon lui semblera, ou bien sortez de sa terre et vous en allez seuls [5495] déclarés libres et quittes à son égard par charte scellée. — Seigneurs, » se disent-ils les uns aux autres, « nous sommes livrés

    sous le nom de Borde del comte Ramon : « Le moulon de la Poincte de Madron, dans lequel est contenu la borde ancienne nommée la Borde del comte Ramon, que a present appartient a Hugues de la Cipierre, confrontant icelluy moulon avec ledict chemin de S. Michel à S. Simon, et avec deux chemins publics par lesquels l’on va de Plaisance à Thoulouze, et l’un desquels est nommé le chemin des Arcs. » (Du Mège, ouvr. cité, IV, 100.) « Ces confronts, » dit M. du Mège (p. 116), « conviennent encore au domaine de la Cipierre. » Le château de la Cipierre est situé au S. O. de Toulouse, à 3 kil. du Pont-Neuf. On peut donc, ou considérer del comte comme une glose, ou remplacer boaria par borda, en corrigeant : En la borda del comte.

  1. Cette église, qui existe encore (à l’ouest de la ville, près du fleuve), paraît avoir fréquemment servi aux réunions publiques. Des actes importants y ont été passés. Voy. Catel, Comtes de Tolose, p. 219 ; Du Mége, Hist. des instit. de Toulouse, I, 417, 418.
  2. Maître Robert ? cf. ci-dessus p. 264, n. 2.