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croisade contre les albigeois.

un tremblement de terre, un roulement de tonnerre ou de tambours. Par toutes les rues il y a tant de malheureux se lamentant, que les soupirs et l’angoisse rappellent sans cesse la terreur[1], et qu’une noire douleur abat les corps et les cœurs ; car Toulouse et Parage sont entre les mains de traîtres ; [5570] et on le vit bien à l’œuvre.

CLXXIX.

Et on le vit bien à l’œuvre, à la conduite qui fut tenue, aux riches et admirables palais, aux somptueux bâtiments, aux tours antiques et aux nouvelles constructions (?), aux murs, aux clôtures, aux édifices, [5575] qu’ils ruinent et rasent partout de même, au point qu’homme ou bête y pourrait entrer à la course.

Cependant on emmenait les otages, avec menaces, en les couvrant d’insultes, d’injures, de mauvais traitements. Destinés à se voir dispersés en des terres étrangères, [5580] ils allaient chargés de lourds fers et de chaînes, souffrant les maux, les angoisses, les dangers ; morts et vivants étant liés ensemble[2].

Le comte de Montfort mande promptement son conseil ; l’évêque, le prévôt, les hommes et les membres de la famille du comte [5585] s’entretiennent secrètement dans la tour antique. « Seigneurs, » dit

  1. Je traduis comme s’il y avait : Quel sospir e l’angoicha remembran la tremor.
  2. Cela paraît vouloir dire que lorsqu’un des prisonniers succombait à la fatigue, on ne prenait pas la peine de le détacher de ses compagnons de chaîne.