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croisade contre les albigeois.

çaux un grave échec, lorsque Dieu y envoya une douce clarté qui vint du côté de Toulouse et illumina le monde, rétablissant Parage et rendant à Prix son éclat : c’est que le comte leur seigneur, après maints périls, [5705] déshérité à tort et sans faute [de son côté] par le puissant pape et les autres clercs, est venu en la terre fidèle de Rogier de Comminges[1].

CLXXXI.

Rogier de Comminges est preux et sage, [5710] accompli en largesse et en toutes qualités. En sa terre est venu se réfugier le comte [de Toulouse] ; il s’entretient et délibère avec ses intimes : « Seigneurs, » dit

  1. C’est le même qui en avril 1211, pendant le siége de Lavaur, avait fait hommage à Simon de Montfort, « mansitque in ejus servitio diebus multis ; sed postea a fidelitate quam ei fecerat miser et miserabilis resilvit » (P. de V.-C, ch. LII, p. 47 a). Le même auteur (p. 46 e) le qualifie de « consanguineus comitis Fuxi », d’accord avec le poëme qui fait de Rogier un neveu du comte de Foix (vv. 6731 et 6887). Il était parent aussi, probablement cousin-germain, de Bernard IV comte de Comminges. Vaissète pense que c’est par une erreur de copiste que dans l’acte d’hommage à Simon il est qualifié de « comes Convenarum » (p.-ê. faut-il lire « Rogerius Convenarum, comes... » ?). Il paraît avoir été à la fois seigneur du Savez (pays situé sur la rive gauche de la Garonne) et vicomte du Couserans (vallée du Salat, affluent de la rive droite de la Garonne). Le poëme ne nomme pas cette terre de R. de Comminges, où se rendit le comte de Toulouse à son retour d’Espagne, mais on peut conjecturer que c’était le Couserans ; car plus loin nous verrons Raimon VI et les siens passer deux fois la Garonne pour arriver à Toulouse (v. 5791 et 5858), ce qui suppose qu’ils étaient partis d’un point situé sur la rive droite du fleuve, voy. plus loin, p. 299 n. 2. Raimon VI avait pu aisément se rendre d’Espagne en Couserans par un passage très-fréquenté, le port de Salau, qui met en communication la vallée de la Noguera Pallaresa et celle du Salat.