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introduction, § vii.

ties du poème de la croisade ont chacune une espèce particulière de laisse, et que le poème de la guerre de Navarre offre un mélange de ces deux espèces.

VII. Guillem de Tudèle : circonstances et date de la composition.

La chanson de la croisade albigeoise, telle qu’elle nous est parvenue dans l’unique ms. que nous en possédons, se compose, comme je l’ai dit au début de cette introduction, de deux poèmes incomplets mis bout à bout, composés par deux auteurs qui, bien loin de s’être entendus en vue d’une œuvre commune, diffèrent essentiellement par les tendances, le style et la langue.

De ces deux auteurs, l’un seulement s’est fait connaître et nous a donné des renseignements sur sa personne, c’est l’auteur de la première partie. Si on combine les passages où il parle de lui, en faisant usage des variantes du fragment de Raynouard, on obtient les résultats suivants.

Il s’appelait Guillem ; il était clerc et avait été élevé à Tudèle en Navarre[1]. À une époque qu’il ne précise pas, mais qui se laisse assez exactement déterminer, comme on va le voir, il se rendit à Montauban et y séjourna onze ans. La douzième année il en sortit[2]. C’est dans cette ville, selon son propre témoignage, qu’il avait commencé son poème, en 1210[3]. D’une phrase assez obscure que contient

  1. Comensa la cansos que maestre W. fit
    Us clercs qui en Navarra fo a Tudela noirit

    (Vers 2 et 3.)
  2. Puis vint a Montalba si com l’hestoria dit,
    S’i (S[i] i ?) estet onze ans, al dotze s’en issit.

    (Fragment de Raynouard.)
  3. Senhors, oimais s’esforsan li vers de la chanso
    Que fon ben comenseia l’an de la encarnatio