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croisade contre les albigeois.

comte, » dit l’Abbé de Montaut[1], « soyez sans crainte, et ne faites point demi-tour jusqu’à tant que vous voyez Toulouse : [5760] n’eussiez-vous que nous à vos côtés et les Toulousains en qui vous avez tant de confiance, nous la pourrions bien défendre si vous y entrez sans crainte. » G. Guiraut dit : « Sire comte, sachez bien que vous recouvrerez Toulouse et nous nos héritages, [5765] et nous y mettrons tout notre argent, notre force et nos bras, afin que vous la puissiez défendre et demeuriez en paix. » Guillem Unaut[2] dit : « Si vous y trouvez des Français, la ville vous aime et vous y êtes désiré à ce point que rien ne pourra vous empêcher de les capturer tous. — [5770] Sire, » dit Aimiric[3], « choisissez des messagers pour faire connaître vos volontés, afin que dans la ville vous trouviez à votre arrivée les habitants prêts à vous défendre. — Aimiric, » dit le comte, « chargez-vous de cette mission. » [5775] Ceux qui représentent Toulouse, les mieux apparentés, qui étaient avec le comte, lui disent tous d’une voix : « Pour Dieu, notre

  1. Cela ne veut pas dire, je pense, que ce personnage fût abbé de Montaut (abbaye au diocèse d’Aire) : « Abbé » était le surnom d’un frère de Rogier de Montaut. En effet, dans la sentence qui termina le procès mentionné à la note précédente, figurent au nombre des juges : « Bernardus de Montald (B. de Montaut qui paraît aux vers 7616 et 9531) et fratres ejus Roggerius et Isarnus qui vocatur Abbas. »
  2. Il était neveu d’Arnaut de Villemur (voir la note 1 de la p. 171) comme on le voit par le v. 9478. Parmi les juges qui rendent la sentence mentionnée dans les deux notes précédentes, figurent R. Unaldus et Geraldus Unaldus (qui paraît aux vers 8997 et 9518) et Willelmus Unaldus.
  3. Voy. p. 273, n. 2.