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croisade contre les albigeois.

Toulouse par les chemins qu’ils connaissent bien. Des écus et des heaumes où brille l’or battu, [5985] il en vint tant à la fois qu’on eût dit qu’il en pleuvait ; d’oriflammes (?) et d’enseignes toute la place reluit. Au val de Montoulieu[1] là où était le mur ruiné, Gui de Montfort leur crie, et il fut bien entendu : « Francs chevaliers à terre ! » On obéit, [5990] et au son des trompes chacun est descendu. Formés en bataille, l’épée nue, ils se lancent vigoureusement par les rues, forçant le passage et brisant les obstacles. Les hommes de la ville, jeunes et vieux, [5995] chevaliers et bourgeois ont soutenu leur effort. La brave et habile population a tenu tête en combattant avec acharnement ; sergents et archers ont tendu leurs arcs, qui ont reçu et donné les coups. [6000] Mais les assaillants, de plus en plus hardis, leur ont tout d’abord enlevé barrières et palissades, et se sont mêlés avec eux dans les rues, tellement que bientôt un incendie fut allumé ; mais les habitants l’éteignirent avant qu’il se fût étendu. [6005] À travers la foule est venu Rogier Bernart avec la compagnie qu’il commande et conduit, et sa présence, lorsqu’il eut été reconnu, raffermit les courages. Peire de Durban[2], à qui appartient Mon-

  1. La porte de Montoulieu est à l’est de Toulouse.
  2. Nous avons un hommage rendu au comte de Toulouse Raimon VII, le 1er avril 1244 (N. S.) par « Petrus de Durbanno de Monteacuto » (Teulet, Layettes du Trésor des chartes, n° 3175). Est-ce Durban, canton de La Bastide de Sérou, arr. de Foix, ou Durban, canton d’Auch ? C’est très-probablement le premier, puisqu’il s’agit d’un homme du comte de Foix. Le même « Petrus de Durbanno » figure au nombre des témoins de deux hommages respectivement rendus en 1244 par la comtesse d’Astarac et Arnaud de Comminges à Raimon VII (Teulet, Layettes du Trésor,