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croisade contre les albigeois.

je le laisse en paix. [6190] Lui-même (Gui) est entré à Toulouse pour réclamer et percevoir les taxes qui me sont dues ; et nous nous ferons adresser tout cet argent, pour que j’aie à suffisance de quoi dépenser, gouverner et donner. Et il me dit de ne rien faire sinon bien guerroyer, [6195] conquérir la terre et abaisser les ennemis. Mais pourtant, si je pouvais conclure un bon traité[1], aussitôt revenu dans ma terre[2], on me livrerait le puissant château de Lourdes et j’aurais à gouverner le Béarn et le Bigorre [6200] dans toute leur étendue jusqu’à la Navarre. Et puisque Dieu veut accroître ma terre et améliorer ainsi ma position, si je trouvais moyen de conclure un bon accord, sans perte, sans désavantage, je l’accepterais volontiers pour gouverner selon le droit ; puis j’irais prendre possession de Lourdes et de la terre adjacente [6205] dans toute son étendue jusqu’à la côte. » Les barons qui l’aimaient furent pleins de joie, mais il y en eut qui se prirent à trembler en leur cœur, redoutant d’être dépouillés[3]. Ensuite on traita des conditions du traité qui dut être conclu [6210] entre les mains de l’évêque et sur les reliques de l’autel. Entre Simon et Adémar fut conclu un accord par lequel le fils de l’un et la fille de l’autre furent engagés, afin d’empêcher toute trahison entre eux[4].

  1. Avec Adémar, cf. plus loin v. 6211.
  2. Il ne faut pas perdre de vue qu’à ce moment Simon est sur la rive gauche du Rhône.
  3. Les alliés méridionaux de Simon, qui étaient avec lui par crainte plus que par gré.
  4. Traduit conformément à la correction proposée à la note du v. 6213. — Pour ces transactions cf. ci-dessus, p. 294 n. 7.