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croisade contre les albigeois.

Le comte s’apprête et a donné ordre de seller. [6215] Toute la cour, sans exception, s’étonna qu’il eût dit si peu de paroles en prenant congé. Il y en eut beaucoup qui le suivirent quand il s’en alla. Mais lorsque arrivèrent les nouvelles qu’il était impossible de cacher, que le comte est entré à Toulouse pour la relever, [6220] et pour détruire les Français et pour faire grandir Prix, par tout le pays on a recouvré la parole, et on s’écrie : « Toulouse ! Dieu la conduise et la protége ! qu’il l’aide et la secoure et la garde et la défende, et lui donne pouvoir et force de dédommager le perdant, [6225] de relever Parage et de faire briller la joie ! » C’est que le comte Simon chevauche la nuit et le jour, plein de courroux, pour rétablir les torts, pour abattre les droits, pour faire triompher le mal. Il a envoyé messagers et lettres scellées [6230] dans toutes les directions, afin d’appeler à son secours l’archevêque[1] et le cardinal[2]. À force de journées, à force de chevaucher, le dimanche d’après, à l’heure de prendre logis, il est arrivé à Baziége[3], mais non pas pour s’y reposer ; [6235] et à l’aube, le jour luisant bel et clair, il fait prendre les armes à sa mesnie, sonner les trompes, dresser les étendards, armer les chevaux, [et se dirige] droit sur Toulouse, plein de menaces. « Comte, » dit le car-

  1. L’archevêché d’Auch, qui était tout à la dévotion du comte de Leicester ; cf. v. 3436-8, 6099. Plus loin (v. 6575) nous le retrouverons parmi les croisés.
  2. Ce cardinal n’est plus, comme précédemment (voy. p. 168 n. 2), Pierre de Benévent, mais Bertrand, cardinal du titre de S. Jean et de S. Paul, arrivé dans le Midi depuis le commencement de l’année (P. de V.-C., Bouq. 108 c).
  3. Cant. de Montgiscard, Haute-Garonne.