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croisade contre les albigeois.

qui taille, tranche et brise en travers et en large. De son côté, le puissant comte de Comminges au cœur sans tache a fait tendre une arbalète qu’on lui a apportée ; il y place un trait de fin acier aiguisé, [6375] vise, ajuste et tire en homme qui s’y entend, et frappe Gui de Montfort qu’il vit au premier rang, lui donnant un tel coup sur le haubert safré[1] que par le milieu des côtes et par le pan du vêtement de soie, il lui a fait passer l’acier d’outre en outre. [6380] il tombe à la renverse, et on le relève. Le comte de Comminges lui dit une parole cuisante : « Je crois vous avoir bien piqué. Pourtant, comme vous êtes mon gendre[2], je vous donnerai le comté [de Comminges]. » Puis on crie : Toulouse ! en voyant l’orgueil abaissé ; et Comminges ! pour le comte ; Foix ! pour Rogier Bernart ; [6385] La Barta ! pour Esparc ; Saint Béat ! pour Ot[3] ;

  1. Coloré en bleu avec du safre ; voy. ce mot dans Cotgrave et Littré. L’explication que j’ai donnée au vocab. est à rejeter.
  2. Gui de Montfort gendre du comte de Comminges ne peut être que le second fils de Simon de Montfort (voy. p. 290, note). Mais ce personnage ne figure dans le poème que sous le nom de Guiot (vv. 5973, 5979, 6961), et la suite du récit donnerait plutôt à croire qu’il s’agit de Gui de Montfort, le frère de Simon (ainsi qu’ont entendu un ancien lecteur du poème et la réd. en pr., voy. au t. I les notes des vers 6380 et 6433). Ce qui complique la difficulté c’est que le frère et le fils de Simon furent blessés, comme on le verra un peu plus loin (p. 328 n. 6) dans la même affaire, et pourtant le poème ne spécifie les circonstances de cet événement que pour un seul Gui de Montfort, celui, frère ou fils de Simon, dont il est ici question.
  3. Ot de Saint-Beat (H.-Gar., arr. de S.-Gaudens) n’a pas été mentionné jusqu’ici à moins qu’il faille le reconnaître dans l’Ot du v. 6114, ce qui n’est que probable. Il paraît, en nom et surnom, aux v. 8830, 8884, en compagnie du comte de Comminges. En 1203 « Petrus S. Beati et Petrus Guillelmus et Oddo » (probable-