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croisade contre les albigeois.

pas permettre, que le peuple de Toulouse souffre la mort ni la ruine. [6495] Monseigneur le cardinal nous exhorte à nous montrer durs, féroces, implacables : sans doute, puisqu’il nous affirme qu’il sera notre garant, nous pouvons combattre avec sécurité, et nous n’avons qu’à le remercier de ce qu’il fait de nous des saints. [6500] Et puisqu’il se montre si désireux de notre salut, chacun peut connaître où est l’endroit sensible[1] : c’est qu’il gardera l’argent des hommes qui mourront. Aussi, puissé-je perdre l’aide de Dieu et de saint Vincent, si cette fois j’attaque le premier ! — [6505] Sire comte, » dit Gervais, « je vous en dirai mon sentiment.....[2] Pourtant, les attaques contre la ville ne servent de rien, car du côté de la ville s’est accrue la vaillance et la hardiesse, et du nôtre la fatigue et la perte. Nous n’avons plus maintenant à guerroyer avec des hommes novices, [6510] car lorsque nous les allons combattre ils se défendent énergiquement, et leur défense est dure et sauvage. Et comme nous leur avons fait saigner le cœur, ils préfèrent une mort honorable à une vie honteuse. Foi que je vous dois, ils nous font bien voir [6515] quelle amitié ils nous portent et ce qu’ils nous veulent ; et nous les avons trouvés si acharnés combattants que notre troupe est diminuée de cent soixante hommes qui de cette quarantaine[3] ne porteront plus les armes. — Sire comte, » dit Foucaut, « mon opinion est [6520]

  1. Mot à mot « où lui branle la dent. »
  2. On peut croire qu’il manque ici un vers ou deux ; voy. au t. I la note du v. 6505.
  3. Espace de temps auquel se limitait l’engagement de la plupart des croisés.