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croisade contre les albigeois.

heaumes et des écus [1], des insignes doubles, des fourreaux niellés, des écus beaux avoir, des bordures dorées, resplendissent la rive, l’eau et le pré. [6645] Le comte est entré dans le village de Saint-Cyprien[2] ; avec ses belles compagnies il a pris partout ses logis. Tandis qu’il se loge et occupe les terrasses, un chevalier s’avance jusque dans l’eau, mais ce fut folie : [6650] avant qu’il eût pu revenir vers les siens il fut tué et mis en pièces, car les hommes de la ville, le bourg et la cité, bien armés et appareillés, passent les ponts et occupent les barbacanes[3] ; et les sergents et les archers, bien choisis et bien postés, [6655] ont de telle façon frappé et inquiété les deux siéges qu’on n’y avait repos ni la nuit ni le jour.

Voilà qu’à la tombée de la nuit, lorsque les étoiles commencent à briller, entrent dans la ville le comte de Foix et Dalmatz[4] : il est homme preux, sage et de

  1. Voir au vocab. tems ; le teint (anc. fr. tains, teinz, toinz, voy. p. ex. Erec, v. 3960) était un vernis ou p.-ê. une étoffe appliquée sur le bois de l’écu.
  2. Saint-Cyprien, sur la rive gauche de la Garonne. P. de V.-C. est d’accord avec le poème : « Sed cum Tolosa obsideri cum effectu non posset nisi ultra fluvium Garumnæ, qui a parte Vasconiæ Tolosam vallabat, esset exercitus qui exitum Tolosanis defenderet, qui per duos pontes super ipsum fluvium eisdem patebat, transivit ultra comes cum multis, multis etiam citra dimissis cum filio suo Amalrico. Fuit illic nobilis comes aliquantis diebus in burgo S. Cubrani, qui dictis pontibus conjungitur. Tandem intelligens quod exercitus Amalrici non esset sufficiens ad resistendum inimicis, retransivit fluvium (cf. v. 6705 et suiv.), ut de duobus invalidis unus fieret exercitus validus et securus » (ch. LXXXV, Bouq. 110 a b).
  3. Qui défendaient les têtes de ponts du côté de la rive gauche.
  4. Dalmatz, ou Dalmau, de Creixell ; voy. ci-dessus p. 166 n. 2.