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croisade contre les albigeois.

durs combattants, ont perdu le tiers de leur valeur, en levant le siége si honteusement que jamais le comte de Montfort n’a éprouvé échec plus déshonorant. » Entre les vaillants comtes se leva un bon et sage légiste, bien parlant et savant ; [6820] on l’appelle maître Bernart[1], c’est un enfant de Toulouse. Il parle avec douceur : « Seigneurs, grâces vous soient rendues pour le bien et pour l’honneur que vous dites de la ville. Nous portons à Dieu notre plainte contre monseigneur l’évêque qu’il nous a donné pour pasteur, [6825] car il a mené ses ouailles à perdition, voulant les conduire en tel lieu où pour chaque brebis il y avait mille ravisseurs. Et puisque nous avons pour défenseur Dieu Jésus-Christ, tels nous pensent occire et nous assaillent [6830] que nous occirons par l’épée et qui périront douloureusement. Ce qui doit nous encourager à la vaillance et à l’endurance, c’est que nous avons une bonne ville et nous la rendrons meilleure encore. Faisons bonne garde le jour et la nuit jusqu’à l’aube ; faisons des pierriers et des calabres tout à l’entour des

  1. Ce personnage, qui reparaît plus loin avec la situation d’un homme d’autorité et de bon conseil, est probablement identique au magister Bernardus qui figure comme témoin dans un acte toulousain de 1199, Arch. nat. JJ 21, fol. 35 v°. Il était consul, ou capitoul, cette même année et le fut de nouveau en 1207. Il l’était encore au moment du siége, d’après le vers 8244, mais on n’en a pas la preuve d’ailleurs, parce que les listes des magistrats municipaux manquent pour les années 1215-8 ; voy. Du Mège, Histoire des institutions de Toulouse, I, 345. « Magister Bernardus » est témoin dans un acte de 1213, Vaissète, III, pr. 292. Enfin, dans un acte de 1226 contenant la délimitation de la banlieue de Toulouse, est mentionnée la « Batista (bastide) magistri Bernardi », Du Mège, ibid., p. 429. Voir encore ci-dessus p. 153, n. 2.