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croisade contre les albigeois.

l’échelle manque, [6925] il tombe à la renverse et reste à terre ; n’étant pas bon seigneur, il perd ce qu’il gagne. C’est par l’orgueil français et pour de petits exploits[1] que périrent en Espagne Rolant et Olivier. Le comte perd la terre parce qu’il est mauvais seigneur : [6930] il l’a conquise par la croix et le fer, du port de la Réole jusque là-haut à Viviers, sans qu’il en manque rien sinon Montpellier[2] ; il en prend les rentes, les marcs et les deniers, et ensuite il l’a livrée à des diables [6935] qui ne pensent qu’à maltraiter et à détruire le peuple. Et Dieu qui est saint, qui est digne, simple et vrai, entend bien les plaintes, et voit les actes qui se répètent ; et voilà pourquoi il nous a envoyé des compagnons qui nous font naître un suros dont nous n’avions guère besoin. [6940] Et puisque Toulouse a souffert maint mortel tourment, il n’y a pas lieu de s’étonner si elle a eu sa revanche. Et pour l’avoir soumise à des goujats et à des mendiants, le comte et nous tous en serons récompensés en ce que les nôtres auront leur affaire par les sentiers[3] ; — [6945] car celui qui dépouille, qui détruit, qui massacre les maîtres du sol, est

    (Bodleienne, Digby 53, fol. 16, publ. dans mes Rapports au ministre, p. 179 ; Musée Brit. Cott. Vesp. b XIII, publ. dans les Reliquiæ antiquæ de Th. Wright et J. O. Halliwell, I, 5). — Et dans les Leys d’amors, II, 70 : Li Frances sobrancejo. — La même idée se retrouve dans une homélie de Raoul Ardent : « Si Gallus es, stude Gallis innatam superbiam superare. » (Migne, CLV, 1949).

  1. Allusion à Rolant refusant de sonner du cor.
  2. Qui relevait du roi d’Aragon.
  3. Allusion, et ce n’est pas la première (cf. v. 827-8), aux dangers qui menaçaient les croisés retournant chez eux ; voir encore v. 7130.