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croisade contre les albigeois.

Rogier Bernart qui me dore et me met en splendeur, Dalmatz de Creixell, qui grandit et prospère, [7135] Bertran Jordan et Ot, et l’habile Amalvis, le bon Ugo de la Mote, en qui Prix a sa demeure, W. Arnaudon, homme sûr et fidèle. Bernart de Comminges a pris congé d’eux, et se rend en Gascogne contre les ennemis, [7140] pour mener la guerre plus vivement et courir sus à Joris[1].

Cependant les barons de la ville, au cœur entier, chevauchent par le pays, parcourent les chemins, les châteaux, les villes, les bois, les voies, faisant entrer chaque jour en la ville la viande, le pain, le vin. [7145] Dans le champ de Montoulieu est planté un jardin qui, chaque jour, bourgeonne et fleurit, et est planté de lys, mais le blanc et le vermeil qui y graine et fleurit est chair et sang et carnage et cervelles ; selon péché ou selon miséricorde, [7150] enfer et paradis se peuplent de nouvelles âmes[2].

La ville entière est en allégresse et en triomphe, et l’un dit à l’autre : « Voici un surcroît de joie et de plaisir, puisque don Pelfort[3] entre, le preux, le sage, notre ami chéri ! » [7155] Au dedans et au dehors chacun se fortifie ; mais telles sont les pertes, le mal, le fracas, qu’ils demeurèrent de longs jours sans s’attaquer, jusqu’à Pâques.

  1. Le partisan des Français dont il a été question plus haut, p. 300.
  2. Si on traduisait exactement on aurait ceci : « esprits et âmes (distinction dont le but est simplement d’arriver à compléter l’hémistiche), péché et merci peuplent à nouveau enfer et paradis. »
  3. Voy. plus haut, p. 183.