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croisade contre les albigeois.

tons, viennent par le champ, sans armures et féroces, portant feu et paille et torches et tisons, ils courent vers la ville en criant Craon ! Du côté de la ville, sergents et damoiseaux les reçurent [7825] à grands coups, et le comte s’en retourna avec la foule.

Le jour de Pentecôte[1], lorsque les bourgeons percent, le comte ouït la messe et puis entra en un pavillon, [7830] avec le cardinal et l’abbé et l’évêque plein de malice, avec Amauri [de Montfort] et Bouchart[2] et son frère Gui[3], Alain, Foucaut et les autres barons. « Seigneurs, » dit le comte, « j’ai bien droit et raison de vous mettre en demeure, vous et tous les autres, [7835] afin d’arriver à reprendre Toulouse et les barons qui y sont, et je prie Dieu de me la rendre ou de me donner la mort, car ils m’ont mis au cœur tristesse et anxiété, tellement que je ne les puis combattre et ne sais où j’en suis. Et je ne puis supporter la grande dépense, [7840] car mes soudoyers m’ont dit non, ainsi que les compagnies, parce que je n’ai pas de quoi leur donner. Mais, si vous m’en voulez croire, je vous donnerai bon conseil. Je fais faire une chatte telle qu’on n’en a pas fait d’aussi bonne depuis le temps de Salomon : [7845] elle ne craint trébuchet, pierrier ni pierre taillée, car les plates-formes, les ailes, la maîtresse

    lesquels voy. Du Cange, Blavotini. Ils sont bien distincts des Brabançons (Braiman, Braimanso), lesquels sont à la solde des Toulousains ; voy. ci-dessus, p. 59 n. 2.

  1. Le lendemain de l’attaque qui vient d’être contée ; cf. v. 7734-5.
  2. Bouchart de Marli ; voy. p. 51 n. 3.
  3. Sans doute, malgré l’intercalation de Bouchart, Gui de Montfort, le frère d’Amauri.