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croisade contre les albigeois.

point. » [7870] Le comte s’y rend avec joie, suivi de ses compagnons : Amauri, Bouchart, Guyot, Rainier[1], et lorsqu’ils s’abordèrent, le comte de Montfort lui adresse de gracieuses paroles, et l’interpelle doucement : « Sire comte de Soissons, je souhaite et désire votre amour, [7875] et vous pouvez bien connaître combien j’en ai grande envie : je vous ai donné une plus grande preuve d’affection qu’à nul autre chevalier, car depuis que j’ai vu vos lettres et votre messager, m’annonçant que vous veniez à mon secours avec Oton d’Angelier[2], j’ai fait construire une chatte, un château, un pierrier, [7880] et pour que vous en eussiez tout le renom et toute la gloire, je n’ai pas voulu prendre Toulouse jusqu’à votre arrivée. Vous aurez du butin le cinquième ou le quart ; les meilleurs destriers seront pour vous, et vous en donnerez à ceux qui en auront le plus besoin. [7885] Et par le pays les messagers étrangers diront que le puissant comte de Soissons vient de prendre Toulouse. » Le comte se prit à rire et lui fit cette répartie : « Sire comte de Montfort, cent fois merci de ce qu’en si peu de temps vous m’avez fait trésorier [7890] de la richesse de Toulouse que vous me donnez si libéralement. Eh bien ! que vous preniez la ville, ou que moi je m’en rende maître, je veux que tout le butin soit vôtre, et je ne vous en réclame aucune part. Et si vous m’en voulez croire, vous ferez autrement : n’en donnez pas un

  1. Rainier de Chauderon (voy. p. 44 n. 3) ? — Rainier d’Aubusson, v. 7770 ? Rainier de Rancon, v. 7771 ? Rainier le Frison, v. 7778 ?
  2. Saint-Jean-d’Angely ?