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croisade contre les albigeois.

tendent parler et causer. À l’aube du jour, les barons de France, d’Angleterre et des autres pays étant rassemblés, chacun fut bien étonné en voyant le roi Saladin si voisin. [8280] Cependant un archevêque, savant et lettré, montre par des textes et des arguments théologiques....[1] Robert de Salventine[2], un chevalier prisé, oyant tous les barons, s’écria à haute voix : Beau sire archevêque, changez de discours, [8285] et prions Jésus-Christ de nous garder, s’il lui plaît, qu’il nous arrive un autre roi ou un autre puissant personnage, car s’il nous vient encore un roi, sachez en vérité que le roi mécréant viendra loger chez nous avec toutes ses troupes et les émirs. [8290] Seigneurs, faites attention à cette repartie : le siége d’Acre est comparable à notre situation : plus nous recevons de renforts, et plus nos ennemis nous pressent : lorsque le comte mon seigneur, le seigneur Rogier Bernart, le comte de Comminges et monseigneur Dalmatz [8295] étaient avec nous dans cette ville, le puissant comte de Montfort, qui est outrecuidant, restait dans son camp, tellement enfermé que si nous le laissions tranquille, il nous laissait en paix. Mais quand est arrivé monseigneur Bernart de Casnac[3], [8300] avec sens et largesse et bonne compagnie, le comte de Montfort s’est avancé au point de faire contre nous tant d’abris que nuit et jour il nous tient occupés. Et quand est venu le jeune

  1. Il y a probablement ici omission de quelques vers.
  2. Ce personnage est complètement inconnu ; du reste tout ce récit paraît peu historique.
  3. Ci-dessus vv. 7688-7715.