Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/563

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
[1218]
431
croisade contre les albigeois.

avait chers ; et comme je ne puis faire aboutir le siége de Toulouse, aidez-moi [au moins] à défendre et à conserver la terre. — Comte, » dit le cardinal, « écoutez ce que je vais vous demander : [8710] c’est de faire mettre en défense vos villes et vos châteaux, et d’y placer telles garnisons qui sachent les bien défendre. Et vous, sire évêque, allez tôt requérir le seigneur roi de France de ne pas nous laisser dessécher (?) ; et à la calende de mai, sans faute, [8715] qu’il vienne en ce pays pour rendre à l’Église sa seigneurie, qu’il nous confie la couronne[1] et son fils pour nous aider à confondre et à détruire Toulouse qui nous a tué le comte et nous plonge dans le souci. Et moi j’enverrai [8720] au seigneur pape, pour qu’il les lise, des lettres scellées portant que c’est maintenant qu’il doit se mettre en avant pour défendre l’Église et croître en puissance ; car maintenant est morte l’étoile qui brillait naguère. Et je lui dirai de Toulouse, pour lui inspirer d’elle une haine plus profonde, que ni l’Église ni rien qui soit ne la peut adoucir. [8725] Elle est si dure, si sauvage, si rebelle à la conversion, que feu, carnage, massacre ne sauraient la réduire. Que par la prédication il appelle les populations, qu’il fasse contribuer les prélats de l’Église aux frais de la guerre ; qu’il échauffe les cœurs, aiguise les langues ; [8730] qu’on aille répandre par le monde la prédication, enflammer et remuer toute la chrétienté. Soulevons ainsi les

  1. « [L’appui de] sa couronne », Fauriel. La couronne paraît symboliser ici l’autorité royale. Toutefois le sens est peu clair.