ont en maintes manières brisé et mis en pièces ceux qu’ils ont atteint, de sorte que pieds, poings, bras, cervelles, doigts, têtes, mâchoires, cheveux, crânes, et autres membres, sont en grand nombre étendus par le champ [8930] à ce point que le sol en est hérissé. Certes, avant qu’on eut enlevé les morts et les blessés, c’était bien un vrai champ de bataille.
C’était bien un vrai champ de bataille quand la mêlée se sépara : de sang et de cervelles, d’yeux, de membres, [8935] de pieds, de jambes, de bras étendus, les chemins et les places sont couverts et remplis. Le Châtelain, Joris et Anselme sont pris, et les autres perdirent la vie et leurs armes, avec de grandes souffrances en ce lieu mortel. [8940] Et B. de Comminges et Guillem de Tougès[1].... Et quand le puissant comte de
- ↑ J’ai proposé au t. I de corriger en W. de Toges (v. 8939) en
an ... faisant ainsi de « W. de Toges » le régime de livrat qui
commence le vers suivant. C’est le sens adopté par Fauriel. « Don
B. de Comminges a mis [livrat] Guillaume de Toges en grande
souffrance... » Mais je m’aperçois qu’un « Willelmus de Toges »,
selon toutes les vraisemblances identique au « W. de Toges » du
poëme, est mentionné dans l’acte de 1226 (n. s.) où Bernart de
Seisses (ci-dessus, p. 439 n. 1) figure comme l’une des parties
contractantes (Teulet, Layettes, n° 1739, p. 66 a). Toges est Pouy
de Tougès, arr. de Muret, cant. du Fousseret. Il n’y a aucune
apparence que ce Guillem ait été du parti des Français, et il est
au contraire de toute vraisemblance qu’il était avec Bernart de
Comminges et Bernart de Seisses. Étant donc impossible qu’il ait
été mis à mort par B. de Comminges, il faut supposer une lacune
après le vers où il figure, et quant au v. 8940 qui se trouve isolé,
il prendrait la place assez facilement après le v. 8938 ; ainsi :
E li autre perderon las vidas els arnes,