Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/586

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croisade contre les albigeois.

ligne, les attend de pied ferme. L’éclat des trompes, les sonneries harmonieuses [9130] font retentir la plaine, les rives, les prés, et on nomme, on crie Foix ! Toulouse ! et là où ils se rencontrèrent avec les boucliers peints et avec les insignes, une grande clarté s’éleva[1]. [9135] Ils baissèrent les lances et les gonfanons galonnés ; ils vont s’entreférir de bon cœur, et les lances se brisent sur les hauberts safrés[2]. À ce moment survient la masse des barons armés, qui ont entouré ceux qui les attendent[3], [9140] et ont redoublé leurs coups d’éperon[4]. Peire Guillem de Seguret[5] crie : « Frappez tous, barons, sur le jeune comte, là où vous le verrez, car je ne redoute rien sinon sa

    Cette formation avait eu lieu précédemment pour les troupes du jeune comte, et nous n’avons aucune raison de croire qu’elle ait été opérée du côté des croisés qui étaient sans doute peu nombreux.

  1. À cause du brillant des armes, ou est-ce une figure ?
  2. Voir p. 327 n. 1.
  3. Je traduis comme s’il y avait Que cels que los esperan els (= illi) an environatz ; le texte tel qu’il se présente est intraduisible, comme le montre bien la traduction de Fauriel : « Voici la seconde bataille des barons (de Toulouse) bien armés, qui pique (aussi) de l’éperon, entoure (les adversaires). »
  4. Mot à mot, si j’entends bien le texte, « ils les ont éperonnés sur les blessures » (feridas, cf. l’esp. herida), c.-à-d. « ils ont éperonné là où l’éperon avait déjà fait une blessure » ; mais cette interprétation suppose qu’entre les vers 9139 et 9140 un vers a été omis où il était fait mention des chevaux, rappelés par le los an esperonatz » du v. 9140. — La trad. de Fauriel : « et les frappe (à son tour), quand elle se choque avec eux », ne signifie rien.
  5. Il y a un Seguret près de Vaison, Vaucluse. P.-ê. y a-t-il lieu d’identifier ce croisé avec le « Guillelmus de Secureto » dont P. de V. rapporte un acte d’intrépidité au siége de Termes (ch. XLI, Bouq. 37 b c).