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croisade contre les albigeois.

tête des autres. Il se mit en marche suivi de nombreux compagnons, car les montagnes et les plaines, les chemins, les sentiers sont remplis d’hommes et de femmes. Français, Berruyers, Flamands, Angevins, Normands, Champenois, [9330] Bretons, Poitevins, Allemands, Bavarois, envahissent le pays, et la foule homicide est si grande que l’ost entière compte treize cent mille hommes[1]. Avec eux ils mènent des charrettes, des mulets, des bêtes de somme, des pavillons, des tentes, des vivres, de l’argent. [9335] Ils marchèrent à petites journées, pour permettre aux retardataires de rejoindre. Le cardinal de Rome, les abbés[2], les archevêques, les évêques, les abbés, les Templiers, les moines blancs et noirs, les chanoines, sont dans l’ost au nombre de cinq mille. Tous ces clercs [9340] prêchent et ordonnent de tout massacrer. Point n’est merveille si l’épouvante s’empara des Toulousains quand ils virent les messagers[3]. Les consuls de la ville envoient en toute hâte des messagers rapides et dispos [9345] aux barons terriers et à tous les hommes de guerre, que personne ne manque à l’appel, ni sergent ni archer ni vaillant chevalier ni aucun soudoyer, ni banni habitant les bois, ni aucun jeune homme[4]

  1. Fauriel, dans sa traduction, ramène ce chiffre à trois cent mille, correction qui ne s’accorde pas avec la mesure du vers. D’ailleurs 300,000 est encore exagéré.
  2. M. à m. « les prélats des moûtiers, » ce sont par conséquent des abbés, voir d’ailleurs Du Cange, prælatus, 401 c. — L’auteur, composant avec sa négligence habituelle, mentionne de nouveau les abbés au vers suivant.
  3. Qui leur annonçaient la venue de l’ost.
  4. Je prends hom leugiers (9348) comme l’équivalent des bachelers legiers qui sont si fréquents dans les chansons de geste françaises.