Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/62

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introduction, § viii.

mettre en scène, à invoquer ses propres souvenirs. Ainsi, ayant à parler du vicomte de Béziers, il ne manque pas de nous dire qu’il avait eu occasion de le voir au mariage de Raimon VI et d’Eléonore d’Aragon, en 1200[1]. Il est donc extrêmement vraisemblable que s’il avait assisté à quelqu’un des sièges ou des engagements qu’il rapporte, s’il avait été témoin de quelque négociation, il nous l’eût fait savoir, non pas par un sentiment de vanité, mais pour donner à son récit plus d’autorité. Du moins a-t-il été en état de consulter des témoins oculaires, qui, s’ils ne figurent pas au nombre des personnages les plus marquants de la croisade, étaient pourtant en position de bien voir, et ont dû lui faire part de ce qu’ils avaient vu, étant encore sous l’impression des événements. Ces témoins, G. de Tudèle ne s’est sans doute pas astreint à nous les faire connaître tous ; il en mentionne toutefois quelques-uns : maître Pons de Mela, envoyé du roi de Navarre, d’ailleurs inconnu[2] ; un prêtre, dont il ne dit pas le nom, qui dut l’informer de ce qui s’était passé à la prise de Carcassonne (1209)[3] ; un clerc, également anonyme (peut-être le même que le précédent), duquel il recueillit l’horrible récit des massacres qui suivirent la prise de Lavaur[4]. Puis un certain maître Nicolas, qu’il qualifie d’ami et de compère[5], et qui put lui raconter le combat de Castelnaudari auquel il avait assisté du côté des croisés. Enfin, il est au moins vraisemblable qu’il put se renseigner auprès de son protecteur, le comte Baudouin. Quoi qu’on puisse penser du mérite de G. de Tudèle, on ne peut nier que

  1. V. 358.
  2. V. 112.
  3. V. 741.
  4. V. 1554.
  5. V. 2161.