Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/67

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introduction, § ix.

les autres, Simon de Montfort et les siens, animés du plus implacable fanatisme, — donnant en un mot à son poème bien plutôt les allures d’un vaste drame que d’un récit suivi et proportionné.

Nous voudrions savoir qui était ce poète si plein de verve, antithèse perpétuelle du froid Guillem de Tudèle — avec qui pourtant on a bien eu l’idée de le confondre ; — malheureusement, il ne s’est pas fait connaître, ou, s’il l’a fait, l’unique ms. de son œuvre ne nous a pas conservé son nom. Les poètes du moyen âge se nommaient ordinairement soit dans le prologue soit dans l’épilogue. Or nous n’avons ici ni l’un ni l’autre. G. de Tudèle s’arrête à la laisse CXXXI, l’anonyme commence à la tirade CXXXII qu’il compose dans la rime sur laquelle son devancier s’était arrêté. Avons-nous le vrai commencement de l’anonyme, ou bien la soudure a-t-elle été opérée par un copiste qui aura fait disparaître le début du second poème pour le mieux rajuster au premier ? C’est une question sur laquelle l’examen de la versification jettera quelque lumière[1] ; pour le moment nous n’avons qu’à marquer le point où commence l’anonyme et à constater qu’il ne s’y nomme pas.

Le second poème n’a pas de début puisqu’il reprend le récit au point où G. de Tudèle l’a laissé : il n’a pas de fin non plus : le drame n’a pas de dénouement, soit qu’il n’ait pas été conservé, soit, ce qui est plus probable, qu’il n’ait pas été écrit. Le poète décrit dans ses dernières pages les préparatifs que Toulouse fait contre la croisade amenée par le fils de Philippe-Auguste ; il désigne une à une toutes les positions défensives de la place, il nomme les principaux d’entre ceux qui occupent chacune d’elles, il nous montre

  1. Voy. plus loin §§ XI et XII.