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Parmi le crépuscule, une voix d’aube sonne
Le signal rayonnant du départ pour Cythère :
Mais la nuit maternelle est comme un baptistère,
Salut des lys en pleurs que le péché moissonne ;

L’eau lustrale d’oubli que versent les étoiles
Console ta tendresse inutile, âme-cygne,
Esprit pur, esprit seul, dont la femme est indigne,

Cœur qui ne daigneras jamais, levant tes voiles,
Pour prix d’un charme faux, de mauvaise origine,
Être l’ami d’amour de l’éphèbe Androgyne !


EDMOND FAZY.


(Fragments)



SONNET


À Hortense P.



Parce que le matin de ce jour fut sans nue
Et que mes yeux se sont ouverts sur la beauté
D’un ciel vaste, paré de sa jeune clarté,
Mon cœur a défailli d’une langueur connue,

D’une langueur qui m’est de vous, un jour, venue,
Lorsque votre regard, aube de volupté,
Semblait permettre à mon désir sollicité
De voler en chantant dans sa bleue étendue.

Mais les ombres du soir dont le ciel s’est rempli,
Tandis que je donnais à mon rêve des ailes,
M’évoquent tristement les ténèbres d’oubli

Dont vous voilez pour moi l’azur de vos prunelles,
Comme si vous preniez un plaisir orgueilleux
À me voir si longtemps errer au bord des cieux.


EUGÈNE HOLLANDE.