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VERS





Il va léger comme un baiser,
L’ignorance toute sciente,
La gravité toute riante,
Parmi les bois apprivoisés.

Et les bois sont ailés de voix
Et fleurants d’odeurs alizées
Pour cette âme fleurdelisée
Par la jeunesse de sa joie.

Il capte dans ses larges yeux,
Que leur impudence innocente,
Tout ce qu’il peut voir où qu’il hante
Et loin et par delà les lieues.

Il désire, il aime, il veut tout,
Les visages, les paysages —
Et combien sa folie est sage
Que le bois de mai mire et loue !

Mais comme il est celui que tout
Appelle et celui que tout choie
Il n’a pas le loisir du choix
Et va toujours il ne sait où.

Il va et ses pieds sont des ailes
Il vole sans prévoir le soir
Étant parti riche d’espoir
Pour des matinées éternelles.

Et triste la fin du chemin
Que le bel éphèbe émerveille
Silencieusement surveille
Les fleurs qui fanent dans sa main.


CHARLES MORICE.