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à mon gouvernement ; j’exposais, en même temps, qu’il semblait que le gouvernement anglais redoutait vivement un rapprochement russo-japonais ; on pouvait profiter de la chose, exciter l’Angleterre en lui montrant l’imminence d’un accord russe à défaut d’une alliance anglaise, et arriver ainsi à un heureux arrangement (?). »

Où le mystère allemand semble être moins obscur, c’est l’insistance avec laquelle opéra Hayashi pour introduire l’Allemagne dans l’alliance en projet :

« Je demandais à Lord Lansdowne ce qu’il pensait d’introduire l’Allemagne dans l’alliance ? Il me répondit : « Nous négocierons d’abord avec vous, puis, au cours des négociations, nous pourrons inviter l’Allemagne à se joindre à nous. »

Et le baron Hayashi pour se donner du jeu ajoute :

« Cette question m’était inspirée par l’incertitude où je me trouvais des relations qui pouvaient, dans cette affaire, exister entre l’Angleterre et l’Allemagne »

Les négociations traînaient toujours en longueur et l’accord sur l’équilibre de l’alliance ne paraissait pas vouloir s’établir très nettement. Le Japon désirait conclure un traité d’alliance offensive et défensive absolu qui obligerait militairement les deux parties contractantes, car le plan de derrière la tête du Japon était bien arrêté et il lui fallait attaquer les Russes en Mandchourie avec le plus possible d’atouts dans son jeu, c’était une nécessité absolue pour le Japon d’obtenir non seulement l’appui moral de l’Angleterre mais aussi son appui matériel et surtout son appui financier. Lord Lansdowne faisait remarquer au Japon que leurs intérêts réciproques ne s’équilibraient pas en Extrême-Orient pour établir une alliance sur de telles bases :

« Le 6 novembre, je reçus de Lord Lansdowne la première rédaction du traité projeté. En me la remettant, Lord Lansdowne me fit remarquer que dans le Conseil de Cabinet réuni pour l’examiner, deux où trois membres avaient observé que les intérêts du Japon en Corée étaient pour lui plus importants que pour l’Angleterre, ses intérêts dans la vallée du Yang-Tse et que, dès lors, le traité penchait d’un côté. En conséquence, ces ministres souhaitaient que l’alliance fut étendue de manière à couvrir les intérêts de l’Angleterre dans l’Inde et Lord Lansdowne nous demandait d’examiner cette possibilité ! »

Cette dernière question ne fut pas traitée dans l’alliance du 30 janvier 1902 mais nous la trouverons stipulée dans le préambule du second traité d’alliance du 12 août 1905.

Le Japon ne perdait pas le fil de ses idées et dès la fin novembre le marquis Ito débarquait à Paris en route pour Pétersbourg où il allait négocier officieusement (nous pourrions dire sans trop nous tromper : officiellement) une convention d’alliance avec la Russie. C’était le coup de théâtre dont nous parle, bien maladroitement, Hayashi dans ses Mémoires, et ce qui lui valut, de la part de son gouvernement, l’interdiction de continuer à les publier.

Hayashi a beau vouloir jouer à l’innocence, personne ne peut être dupe du double jeu de sa diplomatie :

« En ce qui concerne ce voyage, en Russie, j’avais été avisé au Japon,