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trouvait à leur tête ne pouvait pas être pris pour un modèle de patriote coréen, tant s’en faut, il faisait parfaitement le jeu du Japon.

Rappellerons-nous à ce docteur japonais comment fut extorqué le traité d’annexion de 1910 à l’aide des baïonnette nipponnes, comme fut également extorqué le premier traité de Protectorat de 1903 et dont le drame poignant dura toute une nuit ! Qui donc assassina la reine Minn de Corée en 1805, si ce ne fut la soldatesque nipponne !… 1805, 1905 et 1910 sont les trois dates sanglantes de l’action du Japon en Corée ![1].

Nous ne phrasons pas, nous apportons simplement les preuves, les faits irréfutables de l’histoire et dont le Japon ne pourra jamais se laver :

— Docteur Giichi Soyejima, vous avez assassiné la reine Minn en 1895 parce qu’elle s’opposait de toute son énergie à vos projets : vous avez extorqué, sous la menace des armes, du meurtre et de l’incendie, le Traité de Protectorat du 17 novembre 1905 que l’empereur Yi Hié ne signa jamais et contre lequel il protesta avec tout le courage qui caractérisait cette noble figure de l’Histoire de la Corée ; l’Empereur Yi-Hié, ne l’oubliez pas et malgré ce que vous pouvez avancer faussement et traîtreusement, ne signa jamais ce traité comme le prouve : 1o  le propre traité que vous avez en main où sa signature ne figure pas ; 2o  par la déclaration qu’il fit publiquement, celle-là signée et recouverte de son sceau, et dont nous sommes heureux de pouvoir donner un fac-similé dans ce numéro de La Corée Libre ; 3o  par le câblogramme qu’il envoyait le 25 novembre. » suivant au gouvernement de Washington ; 4o  par l’appel collectif qu’il faisait le 22 juin 1906 à la Grande-Bretagne, la Belgique, l’Italie, la Chine, l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie ; 5o  par l’envoi du professeur Hulbert au tribunal de La Haye, et enfin 6o  par son attitude qui ne se départit jamais d’une seconde jusqu’à sa mort en janvier 1919 ! Vous avez aussi extorqué le traité d’annexion du 22 août 1910 au moyen des mêmes procédés, c’est-à-dire par l’emploi de la force, à l’aide de vos sabres et de vos baïonnettes, traité qui, du reste, ne fut signé que par un seul Coréen, l’Empereur arriéré, anormal et idiot dont vous vous serviez comme d’un pantin, après avoir cerné le palais, séquestré les ministres, bref le coup de force que vous avez l’audace de nier. Maïs, malheureusement pour vous, il ÿ eut un moment où, grisé de vos succès, et ils étaient faciles, vous avez fait de cet acte éhonté un argument de panache !

Nous savions que le mensonge et l’ironie faisaient partie de l’apanage des Nippons, mais il y a tout de mêmes des limites quand il s’agit de l’honneur d’un peuple et surtout d’un peuple subjugué comme vous l’avez fait des Coréens ; il est donc bon et sain de ne pas laisser dépasser ces limites dangereuses. C’est pourquoi, docteur Giichi Soyejima, chaque fois que vous paraîtrez oublier la vérité ou que vous tenterez de la fausser pour les besoins de votre cause, nous

(1) Voir « La Corée Libre », No 1, page 5 sq.

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