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CIVILISATION CORÉENNE


I

Langue et Littérature

La langue coréenne appartient à la grande famille des langues dites Touraniennes ou Dravidiennes.

C’est une langue agglutinante comme toutes les langues Ouralo-Altaïques et qui se distinguent ainsi de la famille des langues Indo-Européennes à flexions (déclinaisons, conjugaisons).

Le Coréen est au point de vue linguistique, comme du reste au point : de vue ethnique, le trait d’union entre les deux chaînes des langues Ouralo-Altaïques, c’est-à-dire entre les langues tartares et les langues océanniennes ; mais la langue coréenne relève plus directement de la branche tartaro-mongoloïque-sibérienne ou branche contientale-dravidienne, alors que le japonais appartient à la branche océano-malaise ou insulaire, qui part des Hébrides, de la Nouvelle-Guinée et d’Australie pour remonter en un chapelet rejoindre le Continent par l’intermédiaire de la péninsule coréenne en passant par les Îles Philippines, Formose, Liou-Kiou.

À l’origine et jusque vers le IIe siècle, au moment où l’union politique s’établissait en Corée, alors appelée Silla, nom du royaume qui sut réunir sous son sceptre unique les différentes parties de Silla, de Kokourye et de

Paiktchei, union qui devint définitive au VIIe siècle. La langue coréenne à l’instar de ses sœurs dravidiennes était d’une grande simplicité grammaticale et d’un vocabulaire assez restreint. Ce vocabulaire est resté le vocabulaire de la langue populaire. Avec la pénétration du Bouddhisme et de la culture chinoise Confucéenne, la langue coréenne s’est enrichie considérablement. La langue chinoise fut du reste la seule langue de la haute littérature du pas et resta jusqu’à présent, le privilège de la classe intellectuelle et des autres études.

En même temps que cette stabilisation politique du pays de Silla, la langue s’uniformisait également et prenait définitivement la forme qu’elle possède encore à présent. L’Empereur Seï-Djyong, du XVIe siècle, inventa l’écriture graphique appelée Eun-Mun. Cette figuration graphique. est en sorte alphabétique, formée de cursives chinoises à terminaisons coréennes, comprenant des consonnes diphtonguantes au nombre de quatorze et de dix voyelles.

La langue coréenne est donc une langue agglutinante, polysyllabique et presque sans exceptions. Ses racines sont fixes, immuables ; elle agglutine à l’aide de suffixes et de postpositions nombreux, surtout dans la formation des verbes. L’idée du genre est très imparfaite (ceci est une des caractéristiques des langues Ouralo-Altaïques) ; la personne et le nombre sont également assez indéterminés.

Une des particularités de la langue coréenne est le développement extraordinaire de sa conjugaison ; c’est-à-dire, la modification du sens à l’aide des suffixes et des postpositions ; par l’adjontion de ces postpositions