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la Philofophie, dont je fais profeffion’, me l’eût ainfi appris : Semaintenant comme elle m’enfeigne, je ne répondrois pas fi je penfois que cette difpute fût ordonnée entre nous fous efpoir d’effrif ou de contention. Parquoi que tout défit de calomnier Se d’eftriver, Se que l’envie que Platon dit ne fe trouver jamais en la compagnie divine, fe retire aufli arrière de nos entendemens. Or eonfidérous amiablement fic’eftà moi d’entreprendre ladifpute, Se mèmement de tant de queftions. Premièrement je ne veux pas tenir long propos à ceux qui calomnient la coutume de difputer publiquement parce que cette faute, ii faute fe doit.eftimer, ne m’eft pas feulement commune avec vous, Docteurs très-excellens, qui fouventefois, non fans grande louange Se honneur, vous êtes acquités de cette charge, mais à Platon, mais à Ariftote, mais aux plus approuvés Philofophes de tous les fiècles, lefquels tenoient pour très-certain Se refolu, qu’il n’y avoit rien meilleur pour acquérir la connoiffance de la vérité, laquelle ils cherchoient, que qu’ils fuiTent fort aiïïdus en l’exercice de la difpute. Car tout ainfi que par la gymnaftique les forces du corps font rendues plus fermes, ainfi fans doute en cette joufte des lettres, les vertus de l’ame deviennent beaucoup plus fortes Se vigoureufes. Et ne crois point ou que les Poètes par les armes de Pallas, tant rechantées, ou les Hébrieux, quand ils difentque Barzel (c’eft le fer) eft le fymbole Se la devife des fages, nous ayent voulu autre chofe lignifier que ces très-honnêtes combats font néceffaires pour acquérir fapience. Dont vient par aventure que les Chaldéens défirent au Geuefe de celui qui ckùt être Philofophe, que Mars regarde Mercure d’un afpect triangulaire : comme fi toute la Philofophie devoit être fommeillante Se endormie, fi vous ôtez ces combats Se renconttes en la carrière des Mufes. Et quant à ceux qui difentque je ne fuis pas fufïïfant pour cette charge, la raifon de ma défenfe eft plus difficile. Car fi je dis que je fuis fufflfant, paraventure je ; ferai vu encourir la tache d’un arrogant Se qui préfume trop de foi : que fi je me conféffe infuffifant, je ferai eftimé téméraire Se mal-avifé. Voyez en quels détroits je fuis réduit, Se en quel lieu je fuis planté, quand je ne puis promettre de moi fans coulpe, ce que je. ne puis que fans coulpe accomplir. Par aventure je pourrais amener ce dire de Job, que Fefprit eft en tous j Se écouter avecTimotée ce dire de fa.int Paul, que perfonne ne méprife ton adoïefcence. Mais je dirai ce mot plus véritable félon ma confcience, qu’il n’y a rien en moi de grand ni de fingulier. Pofîîble je ne dénierai pas que je ne fois ftudieux Se defireux des bonnes difeiplines, toutefois je ne prends ni ne m’attribue le nom de docte. Parquoi en ce que je me fuis mis fur les épaules une fi grande charge_> n’a pas été pource que je ne fentiffe pas mon infirmité & inipuifTance} mais pour ce que je favois que telle eft la commune manière en ces combats litéraux, que c’eft gain d’y être vaincu. Ce qui fait que.le plus foible : non-feulement ne refufe d’y entrer, ains plutôt de fon bon gré il les’peut Se doit appéter. Parce que celui qui fuccombe reçoit un bienfait du-vainqueur, Se non pas une injure, comme par lui s’en retournant à 1a mâifon } Se plus riche, c’eft-à —dire, plus docte, Se mieux inftruit