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appelloit son mary, sanglant couppault, et se vantoit de l’avoir acouppaudi. " (Voy. Lettres de Rémission de 1416, citées par D. Carpentier, ubi suprà.)

.... nul n’a pouvoir de porter
Grand amour ardamment ou pis ([1]),
S’il n’a paour d’estre acoupis.

Rom. de la Rose, vers 1506.

C’est-à-dire, que beaucoup d’amour ne va jamais sans jalousie.

Dans les vers suivans, le Poëte fait ainsi parler une femme :

.... j’ay trouvé beaus jeunes fors,
Qui m’ont dit puisqu’il me fait couppe,
Qu’acoupir le puis bien deslors.
Je lui feray d’autel pain souppe.

Eust. des Ch. Poës. MSS. fol. 449, col. 1.

Apollon, trop sensible à l’infidélité de Coronis son amante,

L’arc prist, la fleche mist en coche,
Et si rudement la décoche,
Qu’à Coronis l’a traite ou pis,
Pour ce qu’il estoit acoupis.

G. Machaut, MS. fol. 205, V° col. 3.

Il faut lie acoupis dans ces deux autres vers :

Je suis jaloux et Acroupis ;
Sen l’angoisseuse flamme ou pis.

Id. ibid. fol. 202, V° col. 1.

On disoit aussi acoupir une femme, pour lui être infidèle ; proprement la faire couppe, comme on vient de le voir dans un passage d’Eust. des Champs.

.... quant elle treuve
O son amy sa mye neufve,
El jette par tout feu et flame,
Preste de perdre et corps et ame :
Et s’el ne l’a prinse prouvée
D’eulx deux ensemble la couvée :
Mais bien en chée en jalousie
Qu’elle cuide en estre acoupie

Rom. de la Rose, vers 10275-10283.

(Voy. Coupauder ci-après).

VARIANTES :

ACOUPPAUDIR. D. Carpent. supp. Gloss. de Du C. au mot Copaudus.
ACOUPIR. Gloss. du Rom. de la Rose et suppl. - G. Machaut, MS. fol. 205, V° col. 3.
ACROUPIR (lisez Acoupir). G. Machaut, fol. 202 V° col. 1.

Acourbi, partic. Courbé, accroupi.

En une fosse acorbi.

G. Guiart, MS. fol. 59, R°.

(Voy. Accourber ci-dessus.)

VARIANTES :

ACOURBI. G. Guiart, MS. fol. 309, R°.
ACORBI. Id. ibid. fol. 59, R°.

Acourcir, verbe. Accourcir, abréger. Baisser. Diminuer.

Ce mot dans le sens général, signifie rendre plus court ; " acoursier les rênes. " (Chasse de Gast.


Pheb. MS. p. 277) ; au figuré : " Si n' acourche pas le tans que chil doivent avoir qui tiennent par raison de bail. " (Beaumanoir, p. 91. - Voy. ACOURTER ci-après.)

Se baisser, est en quelque sorte s’accouricir. De là, s' acorsser pour se baisser. Nous ne trouvons ce mot avec cette signification, que sous cette seule orthographe.

Por la hache qu’il mout cremoit ([2]),
S’acorssa il.

Rom. de Rou, MS. p. 367.

Enfin par extension de l’acception propre, on a dit acourcir ou acorcir, pour diminuer en général.

Tuit li droit sont acorci.

Fabl. MS. du R. no 7615, T. I, fol. 68, V° col. 1.

VARIANTES :

ACOURCIR. Chans. fr. du XIIIe siècle, MS. de Bouhier, fol. 269, R°.
ACORCIR. Fabl. MS. du R. no 7615, T. I, fol. 68, V° col. 1.
ACORSER. Fabl. MS. du R. no 7218, fol. 80, R° col. 1.
ACORSSER. Rom. de Rou, MS. p. 367.
ACOUCIR. Percef. Vol. II, fol. 25, V° col. 2.
ACOURCER. Gloss. du Rom. de la Rose. - Cléomadès, MS. de Gaignat, fol. 4, R° col. 3.
ACOURCHER. Beaumanoir, Cout. de Beauvoisis, p. 91.
ACOURCHIER. Id. p. 331.
ACOURCIER. G. Guiart, MS. fol. 118, V°.
ACOURSER. Gloss. du Rom. de la Rose. Percef. vol. I, f. 115.
ACOURSIER. Chasse de Gaston Pheb. MS. p. 277.

Acourres, subst. masc. plur. Terme de chasse.

Relais placés aux Accours. (Voy. ce mot.) " Ce sont-là les lieux où vous pouvez faire vos acourres. Les détenses se doivent mettre comme pour les loups.... et votre courre aussi de même. " (Salnove, Vénerie, p. 302.)

Acourser, verbe. Installer, achalander.

Au premier sens, ce mot vient de cour. On disoit acourser quelqu’un, pour l’introduire, l’installer, soit à la Cour, soit dans la Magistrature ; " l’instaler et jeter à l’amploi an la Cour, soit du Prince, soit de Parlemant au autre. " (Monet, Dict.)

Ce même mot vient de cours, concours, lorsqu’il est pris dans le sens d’achalander, comme en ce passage : " le dit exposant étoit mieulx acoursez, c’est assavoir mieulx achalandez. " (Lettres de 1383, citées par D. Carpentier, suppl. Gloss. de Du Cange, au mot Acursus. - Voy. Acoursier ci-après.)

Acoursier, subst. masc. Favori. Chaland.

Les étymologies de ce mot dans ses deux sens, sont les mêmes que celles du verbe ACOURSER ci-dessus.

Au premier sens, Monet l’explique par " bien acoursé près du Prince, favori du Prince. " (Voy. aussi Oudin, Dict.)

Sous la seconde acception, ce mot signifie proprement celui qui a coutume d’acheter chez un Marchand. Suivant Le Duchat, accourcier se dit en Saintonge, pour désigner les chalans d’une boutique, qui prennent à crédit sur une taille dont les

  1. (1) dans la poitrine, dans le cœur.
  2. (2) craignoit.