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nois, on lit : « Est deu double relief de la rente que doit l’héritage, s’il n’est expressément addicté par le bail à rente ou Contrat de alienation. » (Cout. gén. T. I, p. 702.) Par les Coutumes générales de ce même Comté ; « ne sont fiefs d’autres reliefs… si ce n’est par fait spécial et addicfé, et dont apparoisse par tiltre suffisant. » (Cout. gén. T. I, p. 686. — Voy. Laur. Closs. du Dr. Fr.)

De là fief addicté, pour signifier un fief dont le relief est à dicte. (Voy. Addite ci-dessus.) Peut-être faut-il lire, en un seul mot, adicté dans ce passage : « Quand le fief que l’on veut relever est relief à dicte, on est tenu de payer selon le contenu des terres, de ce faisant mention, qui sont communément de dix livres, cent sols et soixante sols parisis, avec chambellage pour lesditz fiefs adictez. » (Cout. sén. du Comté de Cuisnes, au Cout. gén. T. I, p. 237, col. 1.)

variantes :
ADICTER. Nouv. Cout. gén. T. I, p. 237, col. 1.
Addicter. Cout. gén. T. I, p. 686.

Adidem, adv. Pareillement, de même.

Ce sont deux mots latins réunis. (Voy. Cout. gén. T. II, p. 88.)

Adjection, subs. fém. Expulsion.

C’est le sens de ce mot en ce passage, dans lequel adjection est peut-être une faute d’orthographe pour abjection : » L’Eglise de Romme estoit moult troublée, et foible de Vadjeclion l’Apostole Silvère, et de la mort Virgile qui, après lui, eut la dignité. » (Chron. St Denys, T. I, fol. 35.)

Adiercer, verbe. Adhérer, consentir, acquiescer.

Le peuple de quelques cantons de Normandie, prononce Atiercer, et l’emploie figurément en ce sens.

Charlemagne, quatre ans avant sa mort, légua par portions égales aux vingt-un Archevêques de son Empire, tout l’argent provenant de la vente de ses effets les plus précieux, sous condition qu’ils ne se réserveroient que le tiers de la part qui leur étoit léguée, et qu’ils remetlroient à leurs Evêques suffragans les deux autres tiers, pour les distribuer aux pauvres. On trouve cette disposition, rapportée dans le passage suivant :

. . . . sa part douna à chascun,
Ensi que cascuns Arceveskes
Dounast les ii pars as Evesques
Desous lui, pour aumosnes faire. . .
Et l’Arcevesques en sa glise
L’une part euist quite mise,
Si com l’escriture i adierce,
Et as povres dounast la tierce.
Ph. Mousk, MS. p. 208.

(Voy. Aherdre ci-après.)

Adieu, adverbe. Ce mot subsiste sous la première orthographe. L’usage en est ancien, comme il paroit par ces vers :

Il me convient d’avec eulx départir,
Et dire adieu à l’amoureuse vie.
Eust. des Ch. Poès. MSS. fol. 152, col. 2.

Cet adverbe, formé par ellipse des façons de parler à Dieu soyez ; à Dieu command, etc. rapportées sous l’article Dieu ci-après, étoit comme aujourd’hui, un terme de compliment, dont on se servoit, lorsqu’on prenoit congé de quelqu’un.

De là le mot Adieu ci-dessous, pris substantivement pour congé en général ; dans un sens détourné, permission que l’on donne de partir.

variantes :
ADIEU. Orth. subsist.
Adé. Fabl. MS. du R. no 7615, T. I, fol. 106, V° col. 1.

Adieu, subst. masc. Congé, permission.

C’est en ce sens qu’on lit : « Ayant donné charge un jour à un Capitaine d’aller ruiner et mettre une maison par terre et tout bas, durant les guerres dernières ; le Capitaine respondit qu’il y iroit volontiers, mais qu’il luy en donnast le commandement et un adieu escrit de sa main, de peur de n’estre un jour recherché. » Brant. Cap. fr. T. IV, p. 252.)

A-Dieu-Lever, subst. masc. Elévation de l’Hostie.

On a dit, sonner À-dieu-lever, pour sonner l’Elévation, lorsque le Prêtre élève l’Hostie. (Hist. du Théat. Fr. T. II. p. 369.)

Adjeuner, verbe. Faire jeûner. Affoiblir.

Le premier sens est le sens propre. Monet, Dict.) On employoit ce verbe avec le pronom réfléchi. « Le mercredy premier jour de Karesme, icelle jeune fille… se adjeuna et ne voult menger que une fois. » (Trés. des Chartes, Reg. 195. — Lettres de 1474, citées par D. Carpent. suppl. Gloss. de Du C. au mot Dejejunare.)

De là au figuré pour affoiblir. « Adjeuner son cors, offanser son cors par le trop adjeuner. » (Monet, Dict.) On trouve adjeunée au même sens. (Voy. Lettres de 1474, citées ubi suprà.)

Adinvention, subst. fém. Mensonge, calomnie.

En latin adinventio. Nous lisons au figuré : « La vérité vaincra les adinventions, et faux rapports faits contre Monseigneur. » (Du Clos, preuves de l’Hist. de Louis XI, fol. 212.) C’est par une formation analogue, qu’on a dit aussi Controveure pour mensonge. (Voy. Controveure ci-après.)

Adjoignance, subst. fém. Inhérence.

En latin inhœrentia. (Gloss. de P. Labbe, p. 508.)

Adjonction, subst. fém. Addition.

(Voy. Des Acc. Bigarr. avant-propos, p. 11.)

Adjoindre, verbe. Joindre, unir. Enjoindre, ordonner.

Au premier sens, c’est le mot latin adjungere.

Certes dui vrais amant doivent un cuer porter,
Et leur deus cuers en un ajoindre et bien fermer.
Fabl. MS. du R. no 7218, fol. 253, R° col. 2.

Au second sens, c’est le mot latin injungere, en-