Page:La Curne - Dictionnaire historique - 1875 - Tome 01.djvu/152

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
AD — 128 — AD


Adresscment, siibst. masc. Action île re- dresser. Droit, justice. Action de conduire. Voie, chemin. Instruction, avis, nouvelle. Sagesse, équité, prudence. Le premiers sens est le sens propre. (Voyez Adresser ci- après.) L’on a dit au (iguré : Contre eulx feront un jugement Envelopé de grant malices, Si ne mettes lulréemenl Sus culx, et grant corrugeraent. MoJus cl Racio, MS. fol. 33î, R’. Ce mot a signifié droit, justice. « Le Prince i. leur fisl respondre qu’il eÇloil courroucé des » domaiges et excez... faitz au Itoyauline de France, « et que luv, quant il seroit retôuiné d’Espaigne, <■ en feroit "bon et lovai adrecement. » (Chron. S’Denys. T. 111, fol. 19," V°.) Du verlie Adresser, diriger, conduire, on a fait adrcssemcnt pour désigner l’action de conduire par le chemin le plus droit, le plus court. (Cotgr. Dict.l Ce même mot a été pris dans le sens de voie, cheminqui conduit directeincntd’iin lieu à un autre. " S’en va par uug adrcssoitcnl tic la forest, qu’il « s^avoit moult bien. " ;Lanc. du Lac, T. I, fol. 158, Y» col. 1. — Voy. Adresse ci-dessus.) Instruire tiuelqu’un. c’est le diriger, le conduire par des avis. Ainsi adrcssemcnt a pu signilier en génér.il, insiruclion. (Cotgr. Dict.l Dans une signi- lication plus particulière, instruction, avis, nou- velle. « La Hoyne Lydore alloit.... par la loresl, « escoulant s’èile aïiroit ([ueltiue adressement « comment le tournov... s’esloil porté. » (Percef. Vol. IH, fol. 30, l{»col."l.) Knfin, il semble que ce mol considéré comme terme collectif des vertus morales, sur le principe desquelles on doit diriger sa conduite, puisse être interprété par sagesse’, équité, prudence dans les passages suivaiis : .... estre moult liez dcveroic, Se je la suer avoir povoie De Roi de tel odcrr.emcnt Com vous estes, etc. Cléomadcs, MS. de Gaignat, fol. 44, R- col. 3. N’estoit-ce pas trop grant meschiés, Quant hom de tel adrrrrmcnt Qu’il ert, estoit à tel tonnent, K"à paines povoit-il parler. Clcomailcs, .MS. de Gaign.il, fol. 24, R* col. 3. Qui vit aine mais home de son jouvent, Encui si fussent tout bon adcrcnmantf Enfance d’Ogicr le Danois, MS. do Gaij^al, fol. tl2, R’ col. 1. VARIANTES : ADRESSEMENT. Cotgr. Dict. Adercement. Cléomadès, MS. de Gaignat, fol. fiS, R" col. 2. Adrecement. Chron. S’ Denys, T. Uf, fol. 19, V". Adrèement. Modus et Racio, .MS. fol. 332, R». Adresce.ment. l’atem. de Rlois, MS. de S’ Germ. fol. 109. Adresser, verbe. Redresser, rendre droit. Redresser, rectifier. Faire droit, rendre justice. Restituer. Protéger. Secourir, aider. Fournir, pouivoii-, munir. Dresser, tenir droit. Diriger, conduire, guider. Approcher, parvenir, arriver. Egaler. Frapi^er. Instruire. On pourroil dire avec Du Cange, que des verbes de la basse latinité adirectarc, addretiarc, addres- sare, formés du latin dhrclioii, on a fait notre verbe Adresser. (Voy. lil. Cbxss. Lat. coi. I'_>7 et 13G.) Ménage le dérive A’addirccliare. i,Voy. Dict. étym.) 11 paroitroit pourtant i)liis simple et plus nat’urel d’en chercher l’origine dans les variations d’ortho- graphe de l’adjectif droit, que l’on a écrit drès, drcch, etc. d’où le verbe Adresser, Adrrehier, etc. proprement redresser, rendre droit, (^elte acceplion propre est employée figurémeut dans ce passage : « Li Prêtait, ce suni cil (lui eus nels descendent en « la meir, et ki eu nuiiiites awes se travaillent. Il « ne suul dcslroit par nulc sente de pont, ne de « wcil (1 , por ceu k’il poieiitcorre zai et lai, et « soscorre i’i un chascuns, selon ceu ke mestiers « est et adrecier la sente del pont ou encerchier (2) « le weit. » (S’ Bcrn. Serin, fr. mss. p. 3’i'2 et 343.) C’est aussi dans un sens propre et figuré tout à la fois iiue l’on a dit adrecer un tort pour réparer une injustice, redresser un tort; expression fort usitée dans le style des vieux romans et (jui subsiste encore dans le style familier. Juges quant tu vois, en la toie Court, le povre qui se tristoie ; Di, je voi là un Dieu eslit : S’on li fait tort, si ’adl•t•^•nie. Dit de Cliarild, MS. de Gaignat, fol. 218, R* col 1. Ce verbe a été pris dans la signification figurée de redresser, rectifier en parlant de choses morales. Pour ce convint totcs servir, Et le fol et le sage oïr ; El bien convient mal otroïer. On ne puet pas tôt adrc.cicr, Ne mettre toute chose à point. Fal)l. MS. du U. n" 7015, T. II, fol. 135, R" col. 2. . . . encore keurt (3) cis usages, Et entre fouis et entre sages, Que ce c’on ne puet adrecier. Convient souventes fois laissier. Clcomadès, MS. de Gaignat, fol. 57, V" col. 3. Fuyons toute vilbnie, Soyons amis et amie. Qui a mal fait, si l’adresse. Eust. des Ch. Po5s. MSS, fol. 201, col. î. Ré[)arer un tort, Vadresser, c’est faire droit à qucliiu’un, lui rendre jusiire. Ainsi l’on a pu dire en ce sens adresser iiuclqu’uii d’une dureté, c(Hiime dans ce passage : Le Conseil du Itoi « ne se voiiloit « point passer que le Coniiestable de France... ne « fust adrecé des durtés que le Duc de Dretaigne » luv avilit faites. » (Froissait, Vol. III, p. 203.) On fait droit à celui, eu f;ivcur de qui l’on or- donne une restitution. De là le vcrlie adresser dans le sens de restituer. « Enjoignons à tous nos Sénes- « chaux, etc.. que cil, en linéique destroit, juris- (1) Voici la traduction : « Les prélats sont ceux qui en nefs descendent en la mer, et qui en maintes eaux se travaillent. Us ne sont distraits à nul passage, ni aux ponts, ni aux gués... » (N. e.) - (.2) incircare, chercher. - (3) court.