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mières connoissances et avant que d’avoir appro- fondi, r^’oy. Pasq. recli. Liv. 1, p. G.) Dans le sens propre, par advis sliinilloit par visée, en visant. •< Getta ])ar ailvis son espée si roi- « dément, qu’il acconsuit (1) l’Anglois es cuisses. » (Froissart, Vol. I, p. 19i.) Coup d’avis, coup adressé en visant, littéralement, coup (le visce. " Plusieurs coups d’aguet et d’avis " rua le Gandois de la pic(|ue potircuider l’Kscuyer " atteindre. » (Mém. d’Ol. de la Marche, Livre I, page 39-i. i Viser, prendre sa viscc, diriger sa vue ; un cer- tain point, signitie llguit’nieni avuir en vue une certaine tin dans une entreprise, dans une all’aiir. On disoit autrefois yetter son avis dans ce nicuie sens ligure. « Il imagina, et getta son advis pour « son nom exaucer. » (Froissart, Vol. 1, p. 2’M. — Voy. Ai)visr.ME.NT ci-après.) La vue d’un objet en excite l’idée, d’où l’on a pu dire advis pour idée, notion que l’esprit se forme d’une chose. En joie estois ainsi ravis Eu la douceur de mon avis. En tel pensée, En mon chemin ai esgardée Dame trés-diçne d’estre amée. Car de biauté Je li donnai la roiauté. Jeli. de TEscur. Ch.ins. fr. à la suite du Rom. de Fauvcl, MS. du It. n- 6812, fol. 61, V col. t. Pour idée, opinion. (Voy. Adviaihe ci-dessus, An- visEMENT et Advisiun ci-aprcs.) " Ce poise moy et « cuvde en mon advis que vous vous en repcnti- .. rez. » (Lanc. du Lac, ï. III, fol. 150, V° col. 2.) De là notre expression subsistante dire son avis. Tout li recorde en son avis Cora estoit biax et clers Atys. Alhis, .MS. fol. 21, V- col. i. Par extension, ce mot a signifié mémoire, imagi- nation ; cette faculté que nous avons de nous re- présenter les objets dont nous conservons l’image après les avoir vus. De Ui, il s’est dit dans le sens de réflexion , déli- bération, action de l’esprit, qui délibère et rélléchit, qui opère sur les idées gravées dans la mémoire ou l’imaginaliim. « Il alla dire, sans advis, comme « celuy qui estoit tout eslouidy de cheoir, etc. » (Percef. Vol. II, fol. lOG, V- col 2.) En armi^s vault plus advis et prudence, Que foui hardi qui veult estre chauU hora.s. Eusl. des Ch. Poe». MSS, fol. 58, col. I. . . . folie est default d’advis. Id.ibid. fol. 57, col. 3. .... d’advis y a bien peu En un corps bien repeu. Œuv. Pocl. de Mellin de S. Gelais, p. 31. On disoit en ce sens, Escuijer d’advis, pour dési- gner un Etnyer prudent , qui ne fait rien sans réflexion. Sa’intré, p. 30.’î.) Getter son avis, pour réfléchir, délibérer, voir avec réflexion. « Messire Pierre d’Andellée, Capi- « taine de Peauforl... f/etta son advis ijne s’il pou- « voit passer la rivière de Marne au-dessus (le la " ville de Chaalons... il cntreroil légèrement en « ceste ville. » (Froissart, Vol. I, p. 221.) De lu, on a dit el l’on dit encore donner des avis, pour coiumiini(iuer ses réllexions , les proposer comme If but aui|uel l’esprit doit viser dans la conduite d’une aiïaire. « Donner bon conseil et " advis sur la garde, bon gouvernement, tuicion et <• deffense du... Hoyaume.» (Ord. T. III, p. 12."). — Voy. Adviskr ci-après, .ivertir.) V.n termes de [)rali(iue, jour d’avis, dilution d’a- vis sigiiilioit un délai accordé au défendeur pour rélkrliir aux moyens de défense. « Dilation d’avfs « n’est donné qu’une fois, c’est à sçavoir au com- " luencement de la cause. " (Gr. Coutum. de Fr. Liv. III, p. .301.) « Selon l’usage de Cour laye, il y a " gi’ande dilTérence entre délibération el advis. Car " jour d’advis est prins par le detîendeur au com- " mencement de la cause : mais délibération est « prinse par le demandeur, ([uand sur le jourd’adr ’< vis le défendeur projiose aucunes exceptions ou « di’fenses sur lesquelles le Procureur du défen- « deur a à parler à son maistre. » (Ibid. p. 299. — Voy. Douteill. Som. lUir. p. 38. — Voy. Advisement ci-après.) ^’ous disons encore proverbialement, qu’il y a jour d’avis, pour dire qu’il y a temps de délibérer, de rélb’cliir.

semble qu’on ait étendu la signification figurée 

d’advis, réllexion, ; la faculté de réiléchir, à cette puissance de l’ame qu’on appelle raison, esprit, jugement. Lors pensay moult parfondement A la beaulte que je veoie, Si que parler je ne povoye. En tel point elle m’avoit mis, Que presque perdy mon ndvis. Rom. de la Rose, vers 15550. Se chascuns qui volentiers m’ot, Quand je li di aucim biau mot, M’entendoit bien, je le vaudroie ; Quar avis m’est, miex en vaudroie, Me.s ainsi n’est pas la bosoingne. Pou li’ailvis qui por aus besomgne Leur fet oïr et nient entendre Reson ou chascuns bons doit tendre. Fabl. MS. du R. n- 1218, fol. 243, V col. 2. La prudence dans les actions, les desseins que l’esprit conçoit, résultent de la réflexion. Ainsi l’on a dit ligurément, en passant de la cause à l’elîet, advis pour prudence , sagesse dans les passages suivans : « Se deffendoyent vaillammenl et par •< grand advis. " (Froissart, Vol. I, p. 17.) « Il veit " bien que force sans flr/ii/.s et habillitii n’y avoient « bien de lieu. » (Percef. Vol. IV, fol. 15, V" col. 1.) « Les honneurs et prouesses qui sont enconvenan- « cées el oultrées par sens et par raison... sont " plus à priser ([ue celles qui sont enconvenancées (1) atteignit.