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.... estoient si acesmées, Et si très-richement parées ; De grans biautez, de grans richesses, Que toutes sembloient Déesses.

G. Machaut, MS. fol. 216, R° col. 2.

Un autre Poëte déclamant contre le luxe des Prélats, s'exprime ainsi :

Ils sont plus joint ; il sont plus droit ; Plus acesmé, plus alignié ; Et plus poli et plus pignié, Que Rabardel, ne Damoiseles.

Hist. de Ste Leocade, MS. de S. G. fol. 29, R° col. 3.

VARIANTES :

ACESMÉ. Rom. de Brut. MS. fol. 31, R° col. 2. - G. Machaut, MS. fol. 227, V° col. 3.

ACÉMÉ. Anc. Poët. fr. MSS. avant 1300, T. I, p. 369.

ACHESMÉ. J. Le Maire, Illustr. des Gaules, liv. I, p. 99.

ASCÉMÉ. Fabl. MS. du R. n° 7615, T. I, fol. 113, R° col. 2.

ASSÉMÉ. Ibid. V° col. 1.

Acesméement,

adv. Elégamment. Fastueusement.

Au premier sens, ce mot exprime une idée d'élegance dans la parure :

Son cors atorne richement En bel, et acéméement.

Athis, MS. fol. 44, R° col. 1.

Il paroit avoir plus de rapport au faste dans cet autre passage :

Tel chevaucent molt acesméement Qui ne sevent leur grant honour entendre. En amors a maint guerredon à prendre Dont el puet bien son Dru faire joïant.

Chans. MSS. du C. Thib. p. 44.

D. Carpentier croit qu'Acesméement vient d'Acéement, que nous croyons n'être qu'une contraction d'ACESMEMENT ci-après. (Voy. Suppl. Gloss. de Du C. au mot Scema 1.)

VARIANTES :

ACESMÉEMENT. Chans. MSS. du C. Thib. p. 44.

ACÉMÉMENT. Athis, MS. fol. 44, R° col. 1.

Acesmement,

subst. masc. Parure, ornement. Lambrequin.

Borel l'explique au premier sens. (Voy. ACESMER, ACESMES et ACHESMURE ci-après.)

.... miex m'acesmeroie D'un riche acesmemens A Nataus , que ce vestoie Chacun jour saoulement.

Anc. Poës. fr. MS. du Vat. n° 1522, fol. 153, R° col. 1.

Nous lisons Achememens dans une autre copie de la même pièce. Acéement paroît être une contraction de ces orthographes, de même qu'Achement ou hachement.

Ces deux mots, pris dans le sens de lambrequin, ornement d'armoiries, ont la même étymologie qu'Acesmement. (Voy. Menestrier, Orig. des Armoir. p. 35 et suiv.)

VARIANTES :

ACESMEMENT. Fabl. MS. du R. n° 7218, fol. 224, V° col. 2.

ACÉEMENT. D. Carp. suppl. Glossaire de Du Cange au mot Scema 1.

ACHEMEMENT. Anc. Poës. fr. MS. du Vat. n° 1490, fol. 148, V°.

ACHEMENT. Menestrier, Orig. des Armoir. p. 35, 36 et 42.

ACHESMEMENT. D. Carp. suppl. Gloss. de Du C. au mot Scema 1.

HACHEMENT. Menestrier, Orig. des Armoir. ubi suprà.

Acesmer,

verbe. Orner, parer, ajuster. Equiper. Préparer, disposer.

Si j'osois hasarder quelques conjectures sur l'origine de ce mot, je dirois qu'il a pu se former du latin comere, peigner ; par extension ajuster ; et plus immédiatement du mot de la basse latinité, Acosmare, formé de Coma, chevelure.

On a dit, equos acosmare, pour faire le crin des chevaux. (Voy. Du C. Gloss. Lat. au mot Acosmare ; dont Acemare. - Id. ibid. sous le mot Scema pourroit être une altération.)

En admettant cette étymologie, ce seroit par extension qu'on auroit dit acesmer, pour orner, parer, ajuster, comme dans ces vers :

Tant pourement s'est acemée, Comme se fust au bois trouvée.

Athis, MS. fol. 43, R° col. 1.

Li mireoirs aprent à s'acesmer.

Anc. Poës. Fr. MS. du Vat. n° 1522, fol. 158, V° col. 1.

On a dit figurément, et dans un sens moral, en parlant du Baptême :

.... par tout rend l'ame benigne, Et en trait toute riens maligne, Et d'innocence si l'asesme, Qui la fait plus blanche que cresme.

J. de Meun, Test. vers 253-259.

On reconnoissoit les courtisanes à certain signe qu'elles devoient porter, pour les distinguer des honnêtes femmes ; ce qui a induit l'Editeur des Ordonnances, à lire asseynier, formé du mot signe, au lieu d'asseymer, dans les Lettres de Charles VI, datées du mois de Décembre 1389. Ces lettres sont accordées aux filles de joie de la ville de Toulouse, qui se plaignoient du mépris et des insultes auxquelles elles étoient exposées, parce qu'elles ne pouvoient " se vestir ne asseynier, (ajuster, parer) " à leur plaisir, pour cause de certains chaperons et cordons blans, à quoi elles étoient estraintes porter. Il est dit qu'elles pourront à l'avenir porter et vestir telles robes et chapperons, et de telles couleur, comme elles vouldront vestir et porter ; pourvu qu'elles aient à leur bras une ensaingne ou différence d'un jaretier ou lisière de drap d'autre couleur que la robe. " (Ord. T. VII, p. 327.)

Acesmer, ajuster, a signifié par extension équiper, fournir, pourvoir quelqu'un des choses nécessaires.

Et s'estoient très-bien armé, Bien abillié, bien acesmé, De garrots, de sayettes, de ars, D'épées, de lances, de dars.

G. Machaut, MS. fol. 231, V° col. 3.

(1) ami, favori. - (2) Noël.