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AC — 72 — AC


Acomblement, subst. masc. Augmentation, surcroît.

Du verbe ACOMBLER ci-dessous. " Ke li multitudine de la mercit c'un lor a mostreit ne lor torst à la parsomme en acomblement de droiturière dampnation. " (St Bern. Serm. Fr. MSS. p. 253. - Voy. COMBLEMENT ci-après.)

Acombler,

verbe. Combler. Augmenter, grossir. Surcharger, accabler.

Au premier sens, ce verbe est le même qu'ACCUMULER ci-dessus, dont il ne diffère que par son étymologie qu'il tire immédiatement du mot françois comble, formé du latin cumulus. On a dit figurément, " convient à présent accombler et adjouster offenses sur offenses. " (Mém. de Du Bellay, fol. 280, R°.) " Toute.... Accomblée de tous les souhaits que femme de Prince sauroit demander en ce monde. " (J. Le Maire, Illustr. des Gaules, liv. II, p. 177. - Voy. COMBLER ci-après.)

Acombler, mettre le comble, a signifié par extension augmenter, même en parlant d'une armée grossie par la réunion de différens corps de troupes.

.... fist li Rois commander Qu'apriès la mort, fust asamblés Li remanans et acomblés De çou k'il avoit mis ensanble.

Ph. Mousk. MS. p. 299.

Dans un sens plus figuré encore, l'on a dit Accombler, pour surcharger, accabler ; " accombler quelqu'un de maux, " pour l'accabler de maux en les augmentant à l'excès. (J. Le Maire, Illustr. des Gaules, liv. II, p. 231.)

VARIANTES :

ACOMBLER. St Bern. Serm. fr. MSS. p. 362 et 375.

ACCOMBLER. J. Le Maire, Illustr. des Gaules, liv. II, p. 177.

Acommencer,

verbe Commencer.

Du verbe COMMENCER ci-après, " Aujourd'huy en acommence on à prendre la coustume. " (Brant. sur les Duels. p. 11.)

On l'employoit aussi dans la signification active ; Acoumancer quelqu'un, lui donner les premières leçons :

.... l'une ne li ose rien véer, Qu'amours l'a acoumancée ; Et l'autre s'est de li si bien gardée, K'ele outre bort ne se laise adeser.

Anc. Poës. Fr. MSS. du Vatic. n° 1490, fol. 174, R°.

VARIANTES :

ACOMMENCER. Brant. sur les Duels, p. 11.

ACOUMANCER. Ancienne Poësie Fr. MS. du Vat. n° 1490, fol. 174, R°.

Acommuner,

verbe. Rendre commun. Joindre, réunir. Accoutumer.

Ce mot, au premier sens, signifie rendre commun, mettre en commun.

Ne lor volt pas donner franchises, Ne pour forces ne pour richeises ; Ne lor lignage entremesler, Ne lors terres acommuner.

Rom. du Brut. MS. fol. 46, V° col. 2.

De là, l'expression " acommuner, ou accommunier une femme, " pour la rendre commune en biens avec son mari. (La Thaumass. Cout. de Berri, p. 289, 296. - Voy. COMMUNER ci-après.)

Par extension, l'on a dit acommuner dans la signification générale de joindre, réunir.

S'il vouloit ma force à lui acommuner Ne Roiz, ne Quens , ne autre n'i porroit puis grever.

Rom. de Rou. MSS. p. 99.

Enfin accoutumer quelqu'un à une chose, c'est lui en rendre l'usage ou l'exercice commun, familier, ordinaire. De là, le verbe accommuner, proprement rendre commun, a été employé dans le sens figuré d'accoutumer.

Là ot maint soudoier d'élite Qui à la guerre accommunez, etc. Furent la dedanz aunez Pour celes marches garentir.

G. Guiart, MS, fol. 277, R°.

VARIANTES :

ACOMMUNER. Rom. du Brut, MS. fol. 46, V° col. 2.

ACCOMMUNER. Gloss. sur les Cout. de Beauvoisis.

ACOMMUNIER. La Thaumass. Cout. de Berri, p. 289 et 296.

Acommunier,

verbe. Communier, recevoir la communion. Communier, donner la communion.

Ménage fait venir ce mot du latin adcommunicare, ou peut-être d'Adcommicare, composé de mica. (Voy. Dict. étym. au mot Acommicher.) L'analogie sensible de ce verbe avec Accommuner, ne permet pas d'admettre la seconde étymologie. La communion étoit comme aujourd'hui le signe de l'union de plusieurs fidèles dans la même foi. (Voy. ACCOMMUNER ci-dessus, dans le sens de réunir.)

On a dit au premier sens, s'accommunier, pour communier, prendre, recevoir la communion : " Le Roy de France... fit en son pavillon chanter une messe... et s'accommunia lui et ses quatre fils aussi. " (Froissart, Vol. I, p. 186.)

Au second sens : " accommunier et administrer les Sacremens. " (Bouteill. Som. Rur. tit. 31, p. 192) : " Fit le Roy dire grant planté de messes, pour accommicher ceux qui devotion en avoient. " (Froissart, Vol. I, p. 20.)

VARIANTES :

ACOMMUNIER. Chron. St Denys, T. I, fol. 231, V°.

ACCOMMICHER. Froissart, Vol. I, p. 20.

ACCOMMUNIER. Bouteill. Som. rur. p. 192.

ACCOMMUSCHIER. Milice Fr. du P. Daniel, T. I, p. 101.

ACOMMENIER. Vies des Sts MSS. de Sorb. Chiff. LXI, col. 14.

ACOMMICHER. Borel et Corn. Dict.

ACOMMICHIER. D. Carp. suppl. Gloss. de Du C. au mot Accommunicare.

ACUMENER. Vies des Sts MS. de Sorb, Chiff. LXI, col. 18.

ESCOMINCHER. D. Carp. suppl. Gloss. de Du C. au mot Accommunicare.

ESCOMMICHER. Id. Ibid.

ESCOMMINGIER. Id. Ibid.

(1) Comtes. — (2) assemblés.