Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 1.djvu/11

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DES ROMANS.



On a considérablement écrit sur les romans. D’abord, les théologiens les comprenant avec les pièces de théâtre dans une même animadversion, ont fait de nombreuses dissertations pour prouver que les uns et les autres étaient des ouvrages profanes, entièrement contraires au véritable esprit du christianisme. Les solitaires de Port-Royal, toujours enchérissant sur la sévérité des autres, ont traité les faiseurs de romans et les poètes de théâtre d’empoisonneurs publics, non des corps, mais des ames. Racine, leur élève, devenu leur antagoniste, défendit contre eux les ouvrages dramatiques et les romans dont la cause était liée. Il avait déjà fait la Thébaïde et Alexandre, et il songeait à Andromaque : il combattait pro aris et focis. Quant aux romans, il les avait toujours aimés. On sait que Claude Lancelot, son maître, lui ayant arraché successivement deux exemplaires du roman grec des Amours de Thèagène et de Chariclée, il s’en procura un troisième, l’apprit par cœur, et le porta à Lancelot, en lui disant : Vous pouvez brûler encore celui-ci comme les autres. On n’attend pas de moi sans doute que j’entre dans la controverse canonique à laquelle