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DES ROMANS.

les romans ont donné lieu. Depuis long-temps, la question a cessé d’être agitée, et elle n’est pas de nature à l’être aujourd’hui de nouveau. Dans les premiers âges de l’église, on a pu proscrire avec raison, comme pernicieux, des livres futiles, qui tout au moins refroidissaient une ferveur alors nécessaire ; mais les temps sont changés : les plus sévères ont senti qu’il fallait s’accommoder à notre faiblesse, et nous permettre les amusements délicats de l’esprit, pour nous empêcher de faire un plus mauvais usage de notre oisiveté.

Considérés sous d’autres rapports, les romans ont fourni matière à des traités, presque à des ouvrages, dont quelques-uns ont été composés par des écrivains du premier mérite.

Huet, savant de profession, dans son Traité de l’origine des romans, ouvrage dont le titre indique suffisamment le sujet, a fait l’histoire des romans, depuis les Fables Ioniennes, Milésiennes et Sybaritiques, dont il ne nous reste plus rien, jusqu’à Zayde, roman de son amie madame de la Fayette, composé sous ses yeux, et en tête duquel ce Traité a toujours été imprimé. Sans trop s’écarter de son objet, qui était purement d’érudition, M. Huet a jeté çà et là quelques lignes, pour prouver que les romans n’étaient point un genre d’écrits aussi condamnable que l’avaient prétendu de trop rigoureux casuistes, et que, s’il en existait de dangereux pour les mœurs, on en avait fait, on pouvait en faire d’innocents et même d’utiles. Il y aurait, je crois, de la malignité à regarder cette apologie comme un effet de sa complaisance pour