Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 1.djvu/348

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

je vous en ai assez appris pour vous faire juger que ma vie est attachée à celle d'Alamir et pour vous engager à me tenir la parole que vous m'avez donnée. Je vous la tiendrai exactement, madame, lui répondit il, mais je vous supplie de vous souvenir aussi que vous devez m'instruire du reste de vos aventures.

Le lendemain il alla trouver le roi. Sitôt que ce prince le vit, il voulut satisfaire l'impatience et l'inquiétude qui paraissaient sur le visage de Consalve, et, les emmenant tous deux dans son cabinet, il ordonna à don Olmond de lui dire S'il avait vu Félime, et si elle lui avait appris quel intérêt elle prenait à la conservation d'Alamir. Don Olmond, sans faire paraître qu'il pénétrât dans les raisons qui donnaient au roi tant de curiosité pour les aventures de ce prince, fit un récit exact de tout ce qu'il avait su par Félime de sa passion pour Alamir, de celle d'Alamir pour Zayde et de tout ce qui leur était arrivé jusques à leur départ de Chypre. Lorsqu'il eut achevé, il jugea bien que la conversation n'était pas aussi libre entre le roi et Consalve que s'il n'eût pas été présent, et, pour les laisser en liberté, il feignit d'être obligé de s'en retourner à Oropèze.

Sitôt qu'il fut parti, le roi, regardant son favori avec un air qui témoignait les sentiments qu'il avait pour lui : Croyez-vous encore, lui dit-il, qu'Alamir soit aimé de Zayde ? Croyez-vous que ce soit elle qui ait fait écrire Félime ? Et ne voyez-vous pas combien vos craintes ont été mal fondées ? Non, seigneur, reprit tristement Consalve, tout ce que don Olmond vient de raconter, ne me persuade pas encore que je n'aie point de sujet de craindre. Zayde n'a peut-être pas d'abord aimé Alamir, ou