Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 1.djvu/349

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elle l'a caché à Félime, voyant l'amour qu'elle avait pour ce prince. Mais qui pleurait Zayde, lorsqu'elle fit naufrage aux côtes d'Espagne, si ce n'était Alamir, qu'elle croyait mort ? À qui puis-je ressembler, si ce n'est à ce prince ? Félime n'a parlé que de lui dans son récit. Zayde l'a trompée, seigneur, ou Zayde ne lui a avoué les sentiments qu'elle avait pour lui que depuis qu'elle a été chez Alphonse. Tout ce que j'ai appris, ne détruit point les opinions que j'ai eues, et je crains bien que ce qui me reste encore à apprendre ne les confirme plutôt que de les détruire.

Il était si tard, lorsque Consalve quitta le roi, qu'il ne devait penser qu'à chercher du repos, mais son inquiétude ne lui permit pas d'en trouver. Le récit de Félime augmentait sa curiosité, et le laissait encore dans cette cruelle incertitude où il était depuis si longtemps. Sur le matin, un officier de l'armée, qui revenait d'Oropèze, lui apporta un billet de don Olmond ; il l'ouvrit et y trouva ces mots :

Lettre de don Olmond à Consalve

Félime m'a tenu sa parole et m'a conté le reste de ses aventures. Le seul amour qu'elle a pour Alamir a causé les soins qu'elle a eus de sa vie. Zayde n'y prend point d'intérêt, et, si quelqu'un en prenait à Zayde, ce n'est pas d'Alamir qu'il devrait être jaloux.

Ce billet jeta Consalve dans un nouvel embarras et lui fit penser qu'il s'était trompé seulement lorsqu'il avait cru qu'Alamir était aimé, mais qu'il ne s'était pas trompé lorsqu'il avait cru que Zayde avait quelque passion. La lettre qu'il lui avait vu écrire chez Alphonse, ce qu'il lui avait ouï dire à Tortose d'une première