Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 1.djvu/353

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n'espérait plus que Zayde pût être à lui. Elle pria cette belle personne de lui permettre de dire à Alamir la prédiction d'Albumazar et les sentiments de Zuléma. Cette permission n'était pas difficile obtenir, Zayde consentait sans peine à tout ce qui pouvait guérir le prince de Tharse de la passion qu'il avait pour elle.

Félime chercha les occasions de parler à ce prince et, sans faire paraître de joie de ce qu'elle avait à lui dire, elle lui conseilla de se détacher de Zayde, puisqu'elle était destinée pour un autre, et que Zuléma ne lui était plus favorable. Elle lui apprit ensuite ce qui avait fait changer les sentiments de ce prince et lui montra ce portrait qui devait décider de la fortune de Zayde. Alamir parut accablé des paroles de Félime et, surpris de la beauté du portrait qu'on lui faisait voir, il demeura longtemps sans parler ; enfin, levant les yeux avec un air où sa douleur était peinte : je le crois, madame, lui dit-il, celui que je vois est destiné pour Zayde, il est digne d'elle par sa beauté, mais il ne la possédera jamais et je lui ôterai la vie avant qu'il puisse prétendre à m'enlever Zayde. Mais si vous entreprenez, lui répondit Félime, d'attaquer tous les hommes, qui pourraient ressembler à ce Portrait, vous en attaqueriez peut-être un grand nombre sans trouver celui pour qui il a été fait. Je ne suis pas assez heureux, repartit Alamir, pour être au hasard de me méprendre. Il y a une beauté si grande, et si particulière dans ce portrait, que peu de gens lui peuvent ressembler. Mais, madame, ajouta-t-il, cette physionomie agréable peut cacher un esprit si. fâcheux et des moeurs si opposées à celles qui doivent plaire à Zayde, que, quelque beauté qu'ait ce