Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/268

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aussi embarrassé que la princesse de Montpensier à deviner ce qui avait pu découvrir leur intelligence. Enfin, dans la suite de leur conversation, comme elle lui remontrait qu’il avait eu tort de précipiter son mariage avec la princesse de Portien, et d’abandonner celui de Madame, qui lui était si avantageux, elle lui dit qu’il pouvait bien juger qu’elle n’en eût eu aucune jalousie, puisque, le jour du ballet, elle-même l’avait conjuré de n’avoir des yeux que pour Madame. Le duc de Guise lui dit qu’elle avait eu intention de lui faire ce commandement, mais qu’assurément elle ne le lui avait pas fait. La princesse lui soutint le contraire. Enfin, à force de disputer et d’approfondir, ils trouvèrent qu’il fallait qu’elle se fût trompée dans la ressemblance des habits, et qu’elle-même eût appris au duc d’Anjou ce qu’elle accusait le duc de Guise de lui avoir appris. Le duc de Guise, qui était presque justifié dans son esprit par son mariage, le fut entièrement par cette conversation. Cette belle princesse ne put refuser son cœur à un homme qui l’avait possédé autrefois, et qui venait de tout abandonner pour elle. Elle consentit donc à recevoir ses vœux, et lui permit de croire qu’elle n’était pas insensible à sa passion. L’arrivée de la duchesse de Montpensier, sa belle-mère, finit cette conversation, et empêcha le duc de Guise de lui faire voir les transports de sa joie. Quelque temps après, la cour s’en allant à Blois, où la princesse de Montpensier la suivit, le mariage de Madame avec le roi de Navarre y fut conclu. Le duc de Guise, ne connaissant plus de grandeur ni de bonne fortune que celle d’être aimé de la princesse, vit avec