Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/272

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’elle avait pour lui, mais aussi par l’intérêt de son amour, pour lequel il lui était tout-à-fait nécessaire, elle lui manda qu’elle voulait absolument lui parler encore une fois, et, après cela, qu’elle le laissait libre de faire ce qu’il lui plairait. L’on est bien faible quand on est amoureux. Le comte revint, et, en moins d’une heure, la beauté de la princesse de Montpensier, son esprit et quelques paroles obligeantes, le rendirent plus soumis qu’il n’avait jamais été, et il lui donna même des lettres du duc de Guise, qu’il venait de recevoir. Pendant ce temps, l’envie qu’on eut à la cour d’y faire venir les chefs du parti huguenot, pour cet horrible dessein qu’on exécuta le jour de la Saint-Barthelemi, fit que le roi, pour les mieux tromper, éloigna de lui tous les princes de la maison de Bourbon et tous ceux de la maison de Guise. Le prince de Montpensier s’en retourna à Champigni, pour achever d’accabler la princesse sa femme par sa présence. Le duc de Guise s’en alla à la campagne, chez le cardinal de Lorraine, son oncle. L’amour et l’oisiveté mirent dans son esprit un si violent désir de voir la princesse de Montpensier, que, sans considérer ce qu’il hasardait pour elle et pour lui, il feignit un voyage, et, laissant tout son train dans une petite ville, il prit avec lui ce seul gentilhomme qui avait déja fait plusieurs voyages à Champigni, et il s’y en alla en poste. Comme il n’avait point d’autre adresse que celle du comte de Chabanes, il lui fit écrire un billet par ce même gentilhomme, par lequel ce gentilhomme le priait de le venir trouver en un lieu qu’il lui marquait. Le comte de Chabanes, croyant que c’était